Entrepreneure brestoise, féministe, Christel Bony a créé en 2018 SexTech For Good, pour valoriser les projets liés à la sexualité. Cette ancienne chargée de communication en école d’ingénieurs avait déjà innové avec B-Sensory, une application de lecture numérique sensorielle.
Couplé au sextoy connecté Little Bird, B-Sensory permettait aux femmes de prendre du plaisir autrement, avec un roman érotique. « Le concept était assez simple : lisez, vibrez » se souvient Christel Bony. L’aventure commencée en 2014 s’est achevée quatre ans plus tard, à cause de problèmes de production qu’elle avait voulue française et de financement de la part des banques. C’était avant #metoo, les applications de santé et les podcasts féministes… « En Italie, en Espagne ou aux USA, les investisseurs ont compris que la sexualité était un secteur d’innovation avec du potentiel économique. Ici, les tabous sont plus forts. » Si la Sextech est très féminisée, Christel Bony l’explique par une certaine logique : « Les femmes ont arrêté d’attendre que les hommes imaginent les produits dont elles ont besoin ! »
Identité et plaisir féminin
Le collectif SexTech For Good regroupe une trentaine d’entrepreneurs et d’intervenants en santé, prévention et plaisir. Il veut créer des synergies pour entrer en contact avec des gens de la French Tech et rendre la parole aux femmes. Le collectif milite aussi pour faciliter l’accès de ces produits et applications aux « sexclus » (personnes handicapées ou âgées, détenus…)
Pour asseoir sa légitimité, Christel Bony passe un diplôme de sexothérapeute. Elle regrette que les cours d’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées abordent peu les questions liées au consentement, mais plutôt les maladies et les grossesses non-désirées, une prévention indispensable par ailleurs. « Quand on est une femme, on a le droit de se faire respecter, de penser à soi et de s’autoriser à dire non ! » Elle pointe le « patriarcat et les croyances limitantes » qu’il serait bon, dit-elle, de « déconstruire pour bâtir une société plus égalitaire. »
Apprendre de ses errreurs
Christel Bony reconnaît avoir souffert du syndrome de l’imposteur lorsqu’elle était salariée. « J’avais des choses à proposer, mais je ne savais pas me faire entendre. J’ai appris avec le temps que j’avais plus de pouvoir que ce que j’imaginais, mais j’aurais voulu qu’on me le dise vingt ans plus tôt. »
Depuis 2018, elle est l’une des ambassadrices des Rebondisseurs Français, un mouvement qui veut modifier le regard sur l’échec dans l’entreprenariat. « En France, on n’a pas le droit de se planter, de peur d’être assimilé à quelqu’un de mauvais. Pourtant, on apprend toujours de ses erreurs. »
Christophe Pluchon.
Contact :
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