Ambassadrice SNCF au féminin en région Bretagne, directrice du technicentre industriel de la SNCF à Saint-Jacques-de-la-Lande, Katia Nowaczyk pilote sa vie au milieu des hommes. Son parcours, elle le doit en partie à son tempérament de fonceuse.
« Je fais un métier d’homme depuis vingt ans et je suis fière, pourtant je ne suis pas un homme ! C’est la preuve que tout est possible. » La Rennaise Katia Nowaczyk est en effet directrice du Technicentre de la SNCF à Saint-Jacques-de-la-Lande depuis fin 2016. A 48 ans, elle a derrière elle une carrière dans l’automobile, puisqu’elle a navigué au sein de différents services chez PSA. Pour avoir un parcours pareil, Katia dit qu’elle a su oser. « Il ne faut jamais se mettre de frein, ne pas se focaliser sur des postes dits… « de femmes » ! ».
C’est en effet ce qui a guidé sa vie professionnelle. Après des études d’ingénieure à Centrale Lille (option logistique), Katia Nowaczyk démarre sa carrière en région parisienne mais revient très vite sur ses terres natales à Rennes. Embauchée chez PSA, elle y a évolué dans différents métiers. « A défaut d’être mobile géographiquement, car je ne voulais pas faire bouger toute ma petite famille, j’ai été mobile fonctionnellement ! », dit-elle. Et cela ne l’a pas empêchée de progresser, malgré les critiques, parfois. D’abord à l’Emboutissage, puis à la soudure de pièces de carrosserie, puis à la logistique… Jusqu’à son congé maternité. « Quand je reviens, l’organisation avait été revue par un nouveau directeur qui me dit : « j’ai à vous proposer un poste intéressant pour une femme ». Je refuse, lui disant que je ne voulais pas un poste de femme mais un poste tout court », s’impose alors Katia. Bien lui en pris.
Une charge mentale intrinsèque aux femmes
Elle a, depuis, très souvent ouvert la voie et exercé à des postes jusqu’alors restés masculins. « Cela a servi ma réputation », constate-t-elle, espérant que sa spontanéité de l’époque a quelque peu fait évoluer les choses. « Là où il y a des responsabilités, ce n’est pas impossible pour une femme. Il faut oser, ne jamais se mettre de barrière. D’ailleurs les femmes ont une capacité de charge mentale qui est intrinsèque, car elles s’occupent de beaucoup de choses à la maison. Cette organisation peut être dupliquée dans la vie professionnelle et donne des opportunités pour avancer ». Katia Nowaczyk devient ensuite directrice d’une unité technique chez PSA, puis directrice du montage, avant d’être sollicitée par un cabinet de recrutement pour diriger le technicentre de la SNCF. « Je l’ai pris comme une opportunité de voir un autre monde et de faire profiter de mon expérience ailleurs », confie-t-elle. Depuis quatre ans, elle dirige donc une équipe de 370 personnes dans un univers industriel.
« Ne pas s’arrêter à la première difficulté »
« Directrice d’un technicentre, c’est comme diriger une PME, avec la gestion des coûts, des budgets, des délais, des Hommes. Mon métier consiste à assurer la sécurité du personnel et la sécurité de l’exploitation ferroviaire, en s’assurant que chaque pièce sorte sans défaut ». Le technicentre de Saint-Jacques-de-la-Lande est en effet l’un des dix centres de ce type en France, destiné à la fabrication de pièces de rechange pour les trains et à leur maintenance. « Il s’agit d’un centre d’excellence pour le système de freinage », précise la dirigeante, qui doit donc gérer une logistique millimétrée pour produire et être en capacité de réparer 2500 références d’organes de freinage ! Ses équipes sont également amenées à rénover le matériel roulant (changement de moquettes, câblage internet…), comme ce sera bientôt le cas de 14 TGV Atlantique. Pendant la crise sanitaire, les équipes de Katia ont maintenu leur activité pour qu’il n’y ait aucun aléa lors de l’acheminement de trains sanitaires vers la Bretagne.
A chaque nouveau challenge, Katia Nowaczyk fonce. « Je me dis toujours : ça ne va pas être simple. Mais tant qu’on n’a pas essayé, on ne sait pas ! Si cela vous plaît, il n’y a pas de raison de ne pas y arriver. L’important est de ne pas agir en fonction du regard des autres. Plein de fois on m’a dit qu’avec des postes à responsabilité je n’allais plus voir ma famille. C’est faux, c’est une question d’organisation. Allier vie professionnelle et personnelle m’a permis de me sentir bien et de faire, à mon sens, une belle carrière ».
Une ambassadrice de la mixité
Pour partager son expérience, Katia Nowaczyk s’est engagée comme Ambassadrice SNCF au féminin, un réseau qui agit pour la mixité au sein de l’entreprise ferroviaire. « Notre but est de faire évoluer la mixité et le bien-être des femmes et des hommes en collaboration, pour faire évoluer les mentalités. Il faut oser, se remettre en cause. Si je suis l’une des trois femmes, sur 38 dirigeants de centres SNCF, c’est parce que je ne me suis pas arrêtée à la première difficulté. Il faut être pugnace et exigeant envers soi-même pour mener à bien ses projets. Les difficultés sont source de progrès ».