Dans le Morbihan, Marie-Gabrielle Capodano est Madame Spiruline. Sa société Spiru’Marine réunit aujourd’hui la Nurserie du Golfe, écloserie lancée en 2012 et Spiru’Breizh, la spiruline d’eau de mer pour l’agroalimentaire et les cosmétiques. Passionnée par les micro-algues marines, elle place au cœur de ses projet cet or vert 100 % eau de mer, reconnu pour ses bienfaits nutritionnels, organoleptiques et cosmétiques.
« Je suis née quelque part en France par accident, mais mon cœur est à Saint-Barth, Sainte-Lucie, la Guadeloupe et surtout les Saintes », raconte Marie-Gabrielle Capodano. Ses parents ont fait cap pour les Antilles dans les années 70. Devenue maman très jeune, elle part rejoindre le père de sa fille à Paris et occupe un poste d’hôtesse de l’air pour Air Guadeloupe qu’elle quitte pour sa vie de famille. Tour à tour vendeuse puis responsable ajointe d’un magasin de vêtements pour enfants, elle devient hôtesse dans un salon puis chargée de mission pour la Confédération Nationale des Chocolatiers Confiseurs de France. « J’avais pour missions, entres autres, l’organisation des exposants du « Marché du chocolat » et de mettre en place des programmes de formation pour les artisans chocolatiers, notamment dans le domaine du marketing ou de la qualité », explique Marie-Gabrielle Capodano. La qualité. Un levier qui deviendra central dans le reste de sa carrière, et qui aujourd’hui encore la guide dans ses projets d’innovation.
Reprise des études à 30 ans, avec trois enfants
A 30 ans, alors mère de trois enfants et confortée par son employeur, elle reprend ses études en Licence Qualité Agroalimentaire puis poursuit en Master 2 Management de la Qualité Totale. « Là, mon patron n’a plus voulu me suivre. J’allais être plus diplômée et mieux payée que son fils, gérant d’une filiale de l’entreprise. Ça ne lui plaisait pas trop », remarque-t-elle, impuissante et pourtant si volontaire. Très déçue, Marie-Gabrielle Capodano gère son départ et contacte au culot le Numéro 4 d’Air France pour intégrer sa formation en alternance. C’est réussi. Dès l’obtention de son diplôme, il lui est proposé de poursuivre dans cette compagnie en lui confiant la mise en place la QSE dans les escales d’Air France. A condition qu’elle continue à apprendre et à mûrir en compétences et en diplômes avec une formation d’ingénieur environnemental. « Sur 400 candidats de l’école, je faisais partie des 12 retenus », se souvient-elle. Sauf qu’au même moment, la jeune femme est en plein divorce et reconstruction avec son amour de jeunesse. Un Breton.
Bretonne d’adoption
Débarquée en presqu’île de Rhuys à 34 ans, Marie-Gabrielle Capodano commence alors sa nouvelle vie. Elle y travaille dans l’écloserie de son conjoint, jusqu’à sa séparation en 2011, et découvre un nouveau métier. « Il s’agit d’organiser l’élevage des bébés huîtres, de la maturation des géniteurs, à la ponte, l’élevage des larves et les naissains nourris au phytoplancton. Et là, je tombe en émoi devant ces micro-algues. Ma vie a littéralement basculé. Je me suis prise de passion pour le monde de la mer », reconnaît-elle. Ces micro-algues, premiers organismes vivants sur Terre, la plongent dans une rencontre avec la science et avec elle-même. « A l’époque, nous avons vécu des crises ostréicoles : des virus, des pesticides, une eau du golfe souillée par une campagne de lutte contre les chenilles processionnaires néfastes sur les pins. Nous avons plusieurs fois perdu la production. Le milieu marin est un réel indicateur de pollution. Les huîtres et le phytoplancton ne tolèrent pas les problèmes sanitaires. Les huîtres se gavent de l’eau polluée et peuvent rendre les consommateurs malades. Comme c’était le cas cet hiver avec la bactérie d’Escherichia-coli, fortement concentrée dans les huîtres parce qu’il a beaucoup plu et que les stations d’épuration ont débordé avec cette épidémie de gastro-entérite. » La maladie de l’homme rend malade l’huître qui rend malade l’homme. Elle monte alors ses premiers dossiers de défense de l’environnement auprès de la mairie d’Arzon et obtient gain de cause : les pratiques peu à peu changent, tout autant que les mentalités.
La Spiruline d’eau de mer, 1ère source de Vie sur Terre
Portée par la puissance de cette micro-algue, Marie-Gabrielle Capodano entreprend d’en développer la production, en eau de mer contrairement à ce qui se fait traditionnellement à l’eau douce resalée, et de l’incorporer à des recettes. La Spiru’Breizh est née. Une spiruline marine 100 % eau de mer. En 2012, elle crée une ferme pédagogique à Sarzeau, reçoit les visiteurs pour des dégustations. Elle lance sa fontaine de jouvence à la spiruline en 2013 : un booster, véritable coup de fouet de vitalité qui sera même distribué au Miramar du Crouesty. Puis une pâte de spiruline issue de la récolte fraîche à réintroduire dans des chocolats, des macarons, une glace, des palets bretons, du caviar vert primé sélection innovation au Sial en 2016 et même une cosmétique « vivante ».
Faire s’épanouir cet or marin en presqu’île de Rhuys
Marie-Gabrielle Capodano lance deux innovations : l’or vert marin, et l’or bleu, un composant de la spiruline au pigment bleu naturel. Seule alternative aux colorants chimiques. Les chefs en raffolent ! Pour autant, si les projets d’innovation ne manquent pas, la dirigeante connaît des difficultés à faire passer son entreprise du stade artisanal au stade industriel. « J’ai rencontré beaucoup d’obstacles, liés à des facteurs humains », observe-t-elle. Si l’entrepreneure a fait l’acquisition d’un terrain à Arzon, elle est encore en négociation avec des investisseurs pour pouvoir créer une unité de production industrielle de spiruline courant 2020. Avec cinq emplois à la clé. En attendant, portée par ses enfants et son entourage, elle a fait l’acquisition d’un chantier ostréicole à la Pointe de Bénance à Sarzeau, où elle accueillera des événements privés et professionnels. « Il y a même un bassin à remous pour déguster les « huîtres de Jade » les pieds dans l’eau, enveloppés dans un bain à la spiruline marine », ajoute-t-elle. Femme de réseaux (elle a intégré Femmes de Bretagne dès 2014, devenue partenaire en 2015 puis coordinatrice en 2018), animée par la recherche et le développement, Marie-Gabrielle Capodano défend les bienfaits de cet or marin naturel, qui ne demande qu’à s’épanouir en Presqu’île de Rhuys.