Camille Ducret a installé son lieu de travail à quelques encablures de la Rance. C’est là où elle prépare avec passion les ateliers qu’elle organise chaque mois sur la découverte du thé.
Un chalet en bois, des photos de voyage en Asie, des petites théières en céramique et porcelaine, des livres sur le thé… le décor est posé au Minihic-sur-Rance et le voyage sur la route du thé commence. Il y a 4 ans ½, Camille décide de se reconvertir professionnellement et se forme par plaisir à la découverte du thé. Lors de sa formation, elle fait la connaissance de deux entrepreneuses nantaises. Elle rejoint alors leur entreprise et organise des dégustations/ventes de thé au domicile des particuliers. Mais Camille, issue du travail social, se rend vite compte qu’une démarche purement commerciale ne lui convient pas. Elle recentre son activité sur ce qui l’anime : transmettre la culture du thé d’origine, en d’autres termes, le thé nature, son histoire, les différents rituels qui s’y rapportent, les étapes de sa fabrication, ses légendes. « Le thé nature se suffit à lui-même », affirme-t-elle. La jeune cheffe d’entreprise, qui se définit comme « experte dans l’art du thé », imagine alors ses premiers ateliers de découverte qu’elle propose à une clientèle variée, particuliers, entreprises ou associations. Le concept plait et chaque moisl’atelier permet aussi de découvrir une destination lointaine. « Le thé d’origine offre une large gamme de parfums et de couleurs », précise Camille. Partir à la découverte du thé et des rituels qui l’accompagnent, c’est effectuer un grand tour du monde des saveurs et des traditions ». Les prochaines rencontres nous feront voyager au Japon, en Afrique, au Vietnam, en Inde…
Des découvertes sensorielles
Les ateliers de dégustation mensuels séduisent les clients. Alors, Camille décide d’élargir son offre. En collaboration avec une praticienne énergétique chinoise basée à St Malo, Karine Bourakhowitch, elles initient ensemble les ateliers « thé et méditation ». « Le thé fait partie de la pharmacopée chinoise », précise Camille. Pour les moines bouddhistes et taoïstes, il sert de soutien à la méditation ». L’atelier de trois heures alterne la dégustation de trois thés différents avec des temps de méditation. « On apprend à ressentir le thé, il infuse en nous ce qui favorise la détente et le repli sur soi, c’est notre regard interne, poursuit-elle. Il nous amène à l’état que l’on recherche ». Chaque mois, les thèmes changent. En novembre « développer son intuition » permettra de réfléchir à la façon dont on peut percevoir son corps. Lors de la St Valentin en février prochain, les couples pourront venir à deux pour ressentir la partie féminine « yin » et masculine « yang » du thé et d’eux-mêmes, et mieux comprendre ainsi leurs différences et complémentarités. Camille est curieuse de développer les expériences sensorielles de ses clients. Le mois dernier, elle a emmené dix personnes au sein de la forêt de Tressé pour expérimenter une façon originale de déguster le thé. L’objectif était « de se servir de l’énergie des arbres et de la dégustation du thé pour se relier à soi et mieux ressentir son environnement ».
Des accords parfaits
Le thé c’est aussi le plaisir gustatif pur. Camille peut intervenir dans des restaurants, des salons de thé ou en entreprises pour des ateliers « accords thé et mets ». « Le thé s’accompagne merveilleusement bien avec des fromages par exemple, comme le Darjeeling d’été avec le Comté fruité ou le Lapsang Souchong avec un Roquefort, explique-t-elle. La dégustation alterne de petites gorgées de thé avec des bouchées de fromage. Parfois les deux sont mis ensemble pour faire se répondre les parfums, de plus le thé améliore le côté pâteux de certains fromages. « Tout est ressenti, les saveurs, la texture, décrit Camille. Comme le thé est chaud, il fait fondre le gras du fromage ». Il accompagne chaque moment du repas, de l’entrée au dessert. « Sa chaleur accélère le phénomène de digestion qui est ainsi facilité », poursuit la spécialiste. Les clients peuvent faire appel à ses services pour organiser à domicile un repas au thé. « Quand on boit le thé, on en est imprégné, on ressent l’empreinte des personnes qui sont intervenus pour sa fabrication et du terroir dans lequel il a été cultivé,la nature du sol, le climat, l’altitude, assure Camille. C’est ce qui va faire que le thé n’aura pas le même goût qu’un autre,tout comme le vin ».
Aller plus loin…
Pour transmettre ce savoir-faire de la dégustation, Camille n’hésite pas à aller au plus près des lieux de cultures. En Mai 2020, elle s’envolera dans la région du Yunnan dans l’Ouest de la Chine. « La Chine est le berceau historique du thé, rappelle-t-elle. Nous voulons aller à la source, nous imprégner du thé sombre Pu Erh, découvrir les montagnes où il pousse et les ethnies qui le cultivent ». Pour faciliter les échanges avec la population locale, Camille a pris des cours de Chinois pendant 4 ans. Forte de son savoir-faire, elle intervient également en tant que formatrice professionnelle. Elle a construit plusieurs modules de formation qui permettent à ses clients de développer leurs compétences dans la connaissance du thé. L’adhésion à des réseaux de femmes cheffes d’entreprises lui a permis de créer du lien social, mais aussi élargir son offre « à travers les échanges et les idées des unes et des autres ». C’est ainsi que d’autres idées d’ateliers sont en projet pour 2020 : un atelier thé et musique pour montrer « comment le caractère du thé peut entrer en résonance avec celui de la musique », et d’autres sont encore en réflexion, conclue Camille.