Depuis deux ans, Aurélie Gilot est aux commandes de trains express régionaux à la SNCF. Une vie sans routine pour cette Rennaise qui a troqué son habit de factrice pour celui de conductrice de trains.
A 34 ans, Aurélie Gilot est l’une des sept femmes conductrices de train en Bretagne. Parmi les 280 conducteurs de la SNCF dans la région, elle ne passe pas inaperçu ! « Même lorsque je croise un autre train en marche, on me remarque et on me salue », s’amuse cette jeune femme blonde au tempérament bien trempé. Un trait de caractère qui est un atout dans sa profession, où « il faut savoir défendre ses opinions », constate Aurélie Gilot après seulement deux ans passés chez les cheminots. Elle a en effet derrière elle un tout autre parcours professionnel. Après un Bac ES, elle se dirige en fac de psychologie à Rennes II. Elle décroche pour tout job d’étudiant un poste de factrice. « Je faisais des remplacements, raconte-t-elle. Une fois que j’avais goûté à la vie active et à mon indépendance, j’ai rapidement arrêté les études pour travailler. J’ai ainsi exercé à La Poste pendant douze ans, j’avais mes tournées, notamment en campagne ». Mais devant l’impossibilité d’évoluer davantage, elle se met en quête d’une reconversion.
« J’aime les métiers pas comme les autres »
« J’ai beaucoup échangé sur les réseaux sociaux et appris que la SNCF recrutait. J’ai tout de suite été attirée, parce que j’aime les métiers pas comme les autres ! » Mais faire le grand saut dans l’inconnu peut être déconcertant. Son compagnon l’a alors soutenue, croyant en sa volonté. « Il me disait : qu’est-ce que tu as à perdre ? » Et aujourd’hui, Aurélie ne regrette pas. Elle a su s’adapter et se faire une place dans ce monde plutôt masculin, même s’il faut bien l’avouer, son répondant et son esprit de motarde lui servent au quotidien ! « J’ai toujours aimé travailler avec des hommes, cela se passe bien, on se dit les choses sans détour. »
Après une formation de treize mois alternant théorie et pratique terrain, Aurélie a obtenu son examen d’aptitude à conduire des trains pouvant aller jusqu’à 160 km/h. Basée à Rennes, elle est maintenant sur les bons rails. Elle traverse régulièrement la Bretagne et les Pays de la Loire sur trois types de rames (électrique, diesel ou bimode). « En ressenti et en vitesse, la conduite n’est pas la même. Nous devons aussi pouvoir gérer des pannes très différentes ». Toujours accompagnée de sa tablette, qui renferme notamment des notices et des formulaires d’aide, Aurélie Gilot doit faire face à l’imprévu, seule. Même en pleine campagne ! « Il faut parfois réparer, tout en gardant le contact avec la radio, et en répondant aux questions des voyageurs qui s’impatientent ». Pas facile tous les jours…
Des conditions imprévisibles
Mais ce sont ces conditions imprévisibles et les trajets différents chaque jour qui motivent Aurélie. Et puis il lui arrive de sympathiser avec des voyageurs réguliers, comme lors de ses anciennes tournées de factrice. « J’exerce un métier atypique. Un jour je peux rallier Vitré et Saint-Malo, puis aller vers Laval… Il m’arrive aussi de partir en découché, je ne rentre alors que le lendemain. » Cet inconvénient du métier n’en est pas vraiment un pour Aurélie, qui y voit plutôt une opportunité d’avoir du temps rien qu’à elle pour aller au cinéma ou faire du sport. Quand elle revient à sa gare d’attache, c’est alors pour mieux retrouver son fils de 8 ans. « Il est fier et dit qu’il veut être conducteur de train » ! Après cette reconversion, il lui a même confié qu’il la sentait plus heureuse que dans sa vie d’avant… La vérité sort de la bouche des enfants, non ?