Formée à l’Ecole Boule, Géraldine Beaumont a créé au printemps 2019 Spered an Natur à Caudan, dans un bâtiment jouxtant son habitation. Un atelier dédié aux curieux et aux amateurs de fabrication manuelle, prêts à relever leurs manches pour apprendre l’art du bois. Elle-même ne cesse d’apprendre et de se former. Rencontre.
Géraldine Beaumont a cinq ans quand elle découvre qu’elle veut devenir ébéniste. « Nous avions à la maison un bas-relief sculpté par mon grand-père quand il était dans un camp de concentration en Indochine. Il s’agit de la représentation d’un galion porté par des rouleaux de vagues avec à l’avant une sirène. J’ai toujours adoré cette sculpture et j’ai eu envie de faire du bois mon métier », raconte-t-elle. Un métier loin de plaire à sa famille, qui considère que ce n’est pas fait pour les filles et qui tente par tous les moyens de l’en dissuader. Pourtant, Géraldine n’en démord pas.
Bardée de diplômes
Persévérante, elle poursuit des études sans l’approbation familiale. Elle est acceptée à l’Ecole Boule à Paris, où elle apprend les métiers de la menuiserie, de l’ébénisterie et de l’agencement d’intérieur. « J’étais d’ailleurs à l’époque la seule fille de l’atelier menuiserie », se souvient-elle. Elle parfait sa formation avec un diplôme de peintre en décor puis commence à travailler pour des ébénistes à Paris qui lui font vivre deux mauvaises expériences. A chaque fois ils omettent volontairement de la déclarer. Elle bifurque alors en hôtellerie à la maintenance des chambres. Puis, Géraldine entreprend un BTS Génie Climatique mais doit refuser un bon poste au Centre d’Energie Atomique pour suivre son mari en Bretagne.
Reconversion et apprentissage du breton
« J’ai eu du mal à retrouver quelque chose ici alors j’ai fait une reconversion en passant une licence d’arts plastiques à La Sorbonne pour être professeur », explique-t-elle. Elle y ajoute une nouvelle corde à son arc : le breton, et devient bilingue après neuf mois de formation intensifs. Ce qui deviendra un atout pour son nouveau métier par le biais duquel elle souhaite proposer des ateliers bilingues français-breton.
Eveiller sur la fabrication manuelle
Ce nouveau métier, c’est celui dont elle a quasiment toujours rêvé. Travailler le bois, éveiller les enfants et les adultes à la fabrication de leurs propres mains, à l’art du recyclage de matériaux et à la nature. Il lui a fallu quelques années pour convaincre son mari de se lancer, de réaménager l’appentis dans le jardin en atelier pouvant accueillir des stagiaires. Une salle pour les établis et le travail manuel, et une seconde salle pour les machines électriques. De véritables ateliers pratiques où 8 personnes peuvent apprendre et travailler en simultané. Géraldine Beaumont a investi plus de 10.000 € dans ces travaux, et a bénéficié de deux subventions pour la création de son entreprise.
« Sortir des écrans pour travailler avec les mains »
« Mon souhait est de faire décrocher les enfants et les parents des écrans, des consoles et de la télé pour entreprendre une activité manuelle et inspirante », assure-t-elle, proposant également des ateliers de Land Art en pleine nature ou des initiations auprès des écoles ou des médiathèques. « Je veux permettre aux gens de se retrouver en atelier, ensemble en famille, et de profiter d’un moment convivial et créatif », dit-elle. Grâce à un programme d’ateliers thématiques, Spered an Natur propose alors des sessions pour apprendre à fabriquer un voilier, un nichoir pour oiseau, une lampe en matériaux de récupération, des objets de décoration, des jeux et jouets en matériaux recyclés en famille… Les grands aussi ont leur atelier pour restaurer des meubles anciens, héritage de famille ou bonnes trouvailles. On peut venir avec son meuble défraîchi et repartir avec une version modernisée. Un stock de palettes et de vieux bois permet également de fabriquer de nouveaux mobiliers ou accessoires. Finalement, créatrice de lien social, Géraldine Beaumont travaille bien plus que la matière.