Souvent, l’entrepreneuriat est un choix, une volonté de redonner du sens à sa carrière. Parfois aussi, entreprendre s’impose à vous, à l’image de Françoise Renaud. À 38 ans, cette Castelbriantaise a repris l’entreprise de plomberie de son mari, suite au décès brutal de celui-ci en 2014. Rencontre avec une femme aussi déterminée que touchante.
Être à la tête d’une entreprise n’a pas été un choix délibéré pour vous. Quel est votre parcours et comment êtes-vous arrivée à être crédible dans ce nouveau costume ?
Mon mari a créé l’entreprise SARL Cédric Renaud en 2005. Je l’ai tout d’abord rejoint comme secrétaire comptable bénévole, puis comme salariée à mi-temps dès 2006.
L’année suivante, j’ai suivi une formation à l’ESJDB (École Supérieure des Jeunes Dirigeants du Bâtiment). 1 semaine par mois, pendant 2 ans, j’ai appris à être chef d’entreprise, sans pour autant avoir la prétention de reprendre sa société. Je voulais juste être capable de le seconder en cas de pépin et conserver mon mi-temps, synonyme d’indépendance. La stagiaire, qui avait préparé ses diplômes à nos côtés, disposait, elle, du second mi-temps. Quelques années plus tard, je l’ai remplacée en semaine complète jusqu’à son retour de congé maternité en septembre 2014 ; date à laquelle mon mari est brutalement décédé.
Tout est ensuite allé très vite. J’ai immédiatement décidé de reprendre l’entreprise, que ce soit pour mes filles ou pour le personnel. Je me suis dit : « Ça passe ou ça casse », mais j’ai voulu essayer. Le lendemain du décès de Cédric, j’ai expliqué tout cela à mon équipe et ils sont restés.
En termes de crédibilité, j’ai dû prendre beaucoup sur moi et j’ai suivi des formations pour avancer. Ma curiosité m’a elle aussi aidée car je posais toujours beaucoup de questions à mon mari sur les devis ou les chantiers. Pour le reste, j’ai appris sur le tas, en faisant des erreurs. Heureusement, mon personnel m’aidait beaucoup et me soutenait.
À l’époque, je me donnais 2 ans ½ pour être crédible et c’est bien le temps qu’il m’a fallu. Je me pensais infaillible, mais seuls mes nerfs me tenaient. Je dirais donc que le vrai point de départ est la formation en management que j’ai suivie l’année dernière. Elle a été une révélation car je m’y sentais vraiment à ma place. Avant, je me demandais toujours comment aurait fait Cédric, mais désormais les gars font à ma façon. Ça n’a donc pas été facile de me mettre en tête que j’étais chef d’entreprise et de le faire valoir, mais j’ai réussi !
Aujourd’hui, vous managez une équipe de 6 salariés. Quelles sont les valeurs qui vous semblent essentielles en entreprise ?
Je dirais l’échange et le partage. Il n’y a pas plus important que de travailler dans la bonne humeur et de se dire qu’il y a des choses plus graves.
Justement pour conserver cet esprit de partage, nous nous retrouvons régulièrement pour échanger sur le travail ou autre chose d’ailleurs. J’organise en parallèle des petits événements, comme la réunion « petit déj », l’inventaire ou le barbecue avant l’été. Et chaque matin, on aime prendre un café ensemble. C’est un peu le seul moment où tout le monde se voit avant de vaquer à ses occupations, alors on en profite.
Votre vie ne se résume pas à gérer votre société car vous êtes aussi maman de 2 enfants. Est-ce simple pour vous de garder un équilibre ?
Après le décès de Cédric, tout a été très compliqué car j’ai dû travailler à temps plein dans l’entreprise. Nous avons dû tout réorganiser avec mes filles.
Comme je commençais ma journée à 7 heures, elles ont appris à se gérer seules. Elles se sont retrouvées livrées à elles-mêmes par la force des choses. J’ai encore une fois favorisé l’échange en leur expliquant qu’une autre vie allait commencer. On s’est adaptées. Depuis quelques temps, nous avons retrouvé un équilibre et ma plus belle récompense est de les voir heureuses.
Enfin, je trouve un grand bien-être à travers mes engagements. Par exemple, en octobre 2018, avec la belle-sœur de Cédric et son amie de lycée, nous avons participé au Raid Amazones 100% féminin, au Sri Lanka. Pendant 6 jours, on a enchaîné les épreuves, entre VTT, course, canoé, tir à l’arc, bike & run et course d’orientation. Grâce à cet événement, nous avons créé l’association Défi Cœur Fragile et nous avons réussi à réunir 4 664,69 euros. Cette somme sera reversée à l’Institut du thorax de Nantes pour aider la recherche cardio-thoracique génétique. Cela me prouve encore une fois qu’il est bon de profiter de la vie !