Virginie Lucuron, 49 ans, est DRH chez Klaxoon, avec un parcours et des engagements des plus passionnants. Et peut-être un petit food-truck au bout du chemin…
Racontez-nous votre parcours…
J’ai vécu jusqu’à mes 37 ans en région parisienne où j’ai suivi des études de droit. Puis, j’ai commencé avec une première expérience au sein du groupe IBM. Une expérience très formatrice, mais dans laquelle je ne me suis pas forcément sentie à l’aise, la taille de l’entreprise était sans doute trop importante pour moi. Je suis donc partie dans une toute petite structure, qui s’appelle Atlas aujourd’hui. C’était un vrai challenge dans une branche en plein essor. La dirigeante m’avait recrutée comme juriste, mais avec des perspectives pour développer la partie RH. Cela m’a intéressée, chez IBM j’étais juriste au sein de la DRH et cet univers me plaisait. J’y suis restée sept ans jusqu’au départ de la dirigeante qui avait été mon mentor. J’ai enchaîné avec un congé maternité. Puis, j’ai eu envie d’intégrer une structure plus classique, me rendant compte que la PME était idéale pour moi, avec une envie de rejoindre une équipe RH pour consolider ce que j’avais appris moi-même. J’ai donc rejoint comme responsable RH une PME au sein d’un grand groupe, Reed Business Information.
Je travaillais avec une DRH qui est devenue mon deuxième mentor, dans une équipe de 6 personnes. Je suis restée jusqu’à ce que l’on ait un projet de vie en Bretagne avec mon conjoint breton, qui terminait sa thèse. Il avait passé plusieurs concours sur la région ouest et il a été pris à Rennes, notre choix numéro un ! Nous nous y sommes installés en 2011.
J’ai pris un mini break pour m’occuper de ma deuxième fille, en me disant que je recommencerai à travailler pour ses 3 ans. Mais au bout de 4 mois, j’envoyais déjà des CV ! J’ai été recrutée par Thomson Vidéo Network, dans une période de transition suite à la sortie du groupe Technicolor. Je suis restée trois ans, mais je commençais à me lasser un peu de mon métier.
J’ai alors voulu effectuer un changement radical, pensé ouvrir un food truck. Par politesse, j’ai contacté le cabinet de recrutement qui m’avait recrutée, afin d’expliquer ma démarche. Je leur explique que si j’avais l’opportunité de travailler pour un entrepreneur qui avait un projet à développer, peut-être que je serais de nouveau motivée. Elle me parle alors d’un jeune entrepreneur, Matthieu Beucher, rencontré la veille et qui a un projet formidable. « Acceptez de le rencontrer, cela n’engage à rien ! » Avec Matthieu, nous avons été tout de suite sur la même longueur d’onde et j’ai intégré Klaxoon en février 2015.
Avez-vous rencontré des difficultés en tant que femme ?
Pas vraiment. Peut-être que j’ai été moins bien payée. Mais j’ai, comme beaucoup de femmes, le complexe de ne pas savoir se vendre à sa juste valeur. Je me suis bridée toute seule. Je suis bonne pour aller défendre les autres, mais pour moi, c’est plus compliqué même si j’ai progressé au fil des années…. J’ai même été confrontée au harcèlement. Cela m’a déstabilisée, mais renforcée aussi.
Avant d’être une femme ou un homme, je suis un esprit libre. Ne pas avoir trop de prétentions salariales entretient aussi ma liberté. Je suis attachée à garder une vie très simple. Cela me permet de partir si j’en ai envie. Ceux qui sont attirés par la rémunération et le pouvoir sont finalement emprisonnés dans une cage dorée. Ce n’est vraiment pas pour moi.
Entreprendre : qu’est-ce que cela représenterait pour vous qui êtes salariée ?
Si je passais du côté de l’entreprenariat, ce serait pour un vrai projet coup de cœur. Ce serait un projet autour du partage et du plaisir. Je suis passionnée de cuisine. Cela peut être un petit restaurant, mais pas une grosse structure… j’ai déjà donné !
Comment avez-vous connu Femmes de Bretagne ?
Par Elena, en 2017. Elle était DRH de Digitaleo, une autre startup de l’écosystème digital rennais. Nous avons tout de suite accroché ! Mais ce n’était pas le bon moment pour m’engager, nous étions en hypercroissance chez Klaxoon. Je n’aime pas faire les choses à moitié. Depuis un an, nous avons abordé une phase de stabilisation. J’avais besoin de prendre un peu d’oxygène, d’entendre parler de femmes qui mènent à bien leurs projets, d’écouter leur parcours : rejoindre Femmes de Bretagne est enrichissant et me fait du bien. Je suis au sein du CA pour aider sur la partie RH.
La deuxième motivation, c’est que j’ai trois filles. Dans les environnements digitaux, nous avons toujours du mal à recruter des femmes dans la partie tech. Elles se brident toutes seules ou sont découragées par leur entourage. Si les femmes pouvaient se sentir libres d’oser sur n’importe quel type de projets ! Mon aînée vient d’obtenir son Bac et a rejoint des études d’informatique ! J’en suis très fière. Les femmes doivent croire en leurs forces !