Marie Poussin est l’exemple même de la réussite professionnelle par promotion interne. Entrée par la petite porte chez Bpifrance, partenaire du Prix Éco-visionnaires, elle en est aujourd’hui la directrice du réseau Ouest. Pour elle, le rôle d’un manager est aussi de dénicher les talents féminins en interne.
Vous êtes à la tête d’une équipe de 280 personnes basées de Brest à Pau. Quel est votre parcours et quelles sont aujourd’hui vos missions ?
Je suis Normande, née dans le beurre et la crème, comme j’aime le dire ! Après une école de commerce j’ai obtenu une maîtrise de Sciences techniques comptables et financières, puis un master en Banque et finance.
Lors d’un stage de chargée d’études, j’ai eu le coup de foudre pour Oséo, qui deviendra Bpifrance ! Je suis entrée par la petite porte et il y a ici une vraie culture de la promotion. J’ai d’abord travaillé au CIC deux ans avant de revenir chez Oséo en Normandie en 2007. D’abord chargée d’affaires au service des entreprises de la Manche, j’ai ensuite rejoint Rennes. En 2011, on me propose la direction de la délégation territoriale du Mans, ce fut une expérience folle, où la maison m’a fait confiance pour cette première expérience de management (12 personnes). La plus forte en émotion, car nous étions une vraie famille. J’ai tissé un lien fort avec les entrepreneurs du territoire.
En 2017, j’ai été nommée à la direction régionale en Normandie. J’y ai retrouvé des collègues qui m’avaient formée et il m’a fallu rester rationnelle pour que chacun garde sa place. Ensuite, pendant le confinement, avec mes équipes il nous a fallu soutenir les entrepreneurs, leur dire qu’on ne les lâcherait pas. Puis, j’ai pris la direction régionale de Paris, avec ses 100 collaborateurs. C’était le grand écart en termes de type de clientèle. Et depuis mai dernier, je suis de retour à Rennes. Mon périmètre m’oblige à beaucoup bouger, mais l’essentiel est de s’éclater dans son job pour que les moments en famille soient qualitatifs et insufflent du positif dans le foyer.
Les femmes semblent avoir une place importante chez Bpifrance. Comment travaillez-vous sur l’égalité femmes-homme ?
Bpifrance Financement n’est pas mauvais sur le sujet, alors que nous n’avons pas eu de politique volontariste en ce sens. Notre indice d’égalité professionnelle est de 93/100. Nous comptons 40% d’hommes et 60% de femmes, notamment parce que les métiers de la banque se sont beaucoup féminisés. Nous sommes également à 50/50 sur les postes de managers de proximité dans l’Ouest.
Plus haut, cela se complique et nous voulons qu’il y ait plus de femmes à des postes de direction. Mais comme toute entreprise, nous sommes confrontés à l’histoire de la mobilité. Ce n’est pas facile de se mettre en risque au niveau personnel et professionnel, tout recommencer dans une autre région. Mais croyez-moi, il faut oser et savoir s’affirmer dans le couple, dire à son conjoint, là, c’est mon tour, la prochaine opportunité, ce sera pour toi ! De mon côté, j’en suis à ma 10ᵉ résidence principale. Ensuite, les femmes ont ce syndrome de l’imposteur, elles pensent que les postes de direction ne sont pas pour elles. J’essaie donc de repérer les talents féminins, j’ouvre mes yeux et mes oreilles. C’est mon job de manager de leur tendre la main, puis de les accompagner.
Pourquoi soutenez-vous Femmes de Bretagne et le prix Éco-visionnaires ?
Bpifrance soutient Femmes de Bretagne depuis le début. Nous partageons les mêmes valeurs de proximité, de volonté, de simplicité. Nous apportons une participation au budget de fonctionnement de l’association et nous accompagnons la montée en compétences de bénévoles par la formation. Il est important pour Bpifrance d’animer une communauté de réseaux qui aident à la création et à la reprise d’entreprise, car leur existence est fondamentale si on veut doubler le nombre d’entrepreneurs en France et les pérenniser.
J’aime reprendre cette phrase de notre directeur général Nicolas Dufourq, qui « voudrait un entrepreneur à chaque table le dimanche. » Cela sera possible notamment grâce à l’aide des réseaux. Et puis, parmi nos priorités, il y a celle de mettre toutes les entreprises en transition et faire émerger les green-tech pour nous aider à être plus vertueux. Donc, participer au Prix Éco-visionnaires tombe sous le sens, car il met en avant des projets de création, des femmes et des idées vertes.