Eve Foucher
Coordinatrice du réseau Femmes de Bretagne à Surzur durant un an, Ève Foucher déploie son tempérament à travers les réseaux et les associations du Morbihan. Éducatrice spécialisée de formation initiale puis cheffe de service dans le secteur social, elle s’enrichit au contact des femmes dirigeantes, qu’elle rejoindra peut-être un jour…
Ève Julien l’annonce d’emblée : « Je n’ai pas le profil Femmes de Bretagne. Je n’ai pas créé d’entreprise. Je suis en recherche d’emploi dans le social. J’ai travaillé 25 ans pour la protection de l’enfance. » Mais qu’importe, femme de réseaux et femme tout court, Ève Julien sait ce que signifie l’entraide et la solidarité. Des moteurs qui animent son parcours depuis toujours. Originaire de Montpellier, Ève Julien s’est formée au métier d’éducatrice spécialisée en région parisienne dans des foyers de l’enfance ou des associations d’accompagnement à la parentalité. « A Saint-Denis pour être plus précis », informe-t-elle. Le territoire le plus pauvre de France ? « Mais surtout le plus dynamique en matière d’associations et de réseaux ! J’ai vu dans cette ville une grande force créative au sein des associations, un tissu vraiment hors normes », confirme-t-elle. Pour faire grandir sa carrière, elle passe le diplôme de chef de service.
Accompagner la parentalité
Quand son mari décide de se rapprocher de sa famille bretonne il y a seulement quelques mois, Ève Julien le suit jusqu’à Surzur où elle redémarre sa carrière. Elle s’engage dans une association de soutien à la parentalité, Relais Jeunes 56 et accompagne les parents sur leurs chemins, en prévention et en amont de toutes les mesures de protections à l’enfance qui pourraient survenir. Décrochage scolaire, addiction, besoin de repères, de soutien, difficulté à accompagner son adolescent, travail sur les rythmes des enfants… Elle s’investit aux côtés de quatre éducatrices spécialisées salariées qui consultent à domicile et organisent des ateliers individuels et collectifs. Entrée dans le bureau de l’association, Ève souhaite participer à l’impulsion d’une nouvelle forme de gouvernance : une gouvernance partagée où chacun puisse avancer en responsabilité. Pour une équipe autonome. « Il est difficile pour une association d’imaginer avancer sans chef. Pourtant, depuis quelques années la fonction de chef est mise à mal. Il y a beaucoup de responsabilité sur une seule personne. Il faut que chacun puisse en prendre sa part », juge-t-elle, définissant les contours d’un nouveau management. Un modèle qui va à l’encontre de ce qu’elle a appris lors de sa formation, de ce qu’on lui a inculqué et qui nécessite encore un peu de temps et de changement de mentalités pour être accepté.
Créer des passerelles
Au sein des associations, Relais Jeunes 56 et Femmes de Bretagne, Ève Julien se nourrit des différentes méthodes. « Idéalement, j’aimerais me servir de mon expérience de gouvernance partagée pour mon futur emploi. Proposer une autre façon de travailler ensemble », indique-t-elle. Au sein de Femmes de Bretagne, elle s’inspire des parcours des femmes entrepreneuses. « Je trouve incroyable de rencontrer des femmes qui ont développé des compétences, des capacités, qui possèdent une force de création, une énergie ! », observe-t-elle. « Peut-être qu’un jour je sauterai le pas moi-même », confie-t-elle. En attendant, elle met du lien dans deux milieux qu’a priori tout oppose : l’économie et le social. Peut-être y a-t-il des passerelles à construire entre ces mères dépassées par la parentalité et ces femmes créatrices qui accouchent de nombreux projets…