Jean-Marc Esnault
Jean-Marc Esnault, directeur général de The land, engagé dans le monde de demain. Femmes de Bretagne s’installe dans de nouveaux bureaux à Rennes, mis à disposition par The Land. Ce lieu unique en son genre, véritable campus hybride, est dirigé par Jean-Marc Esnault. Il y prépare le monde de demain, en lien avec une « nouvelle ruralité ».
Vous êtes le directeur général de The Land, à Rennes. Quelle est votre mission ?
Le projet The Land est né en septembre 2020. Quand je suis arrivé ici il y a six ans, après avoir exercé dans la formation continue et l’enseignement par apprentissage, il s’agissait de diriger trois lycées agricoles assez classiques. Et puis, avec le conseil d’administration, nous nous sommes interrogés sur le rôle que pouvaient avoir nos établissements au regard de l’évolution du monde rural et de l’agriculture de demain. Nous devions nous intéresser plus largement aux territoires ruraux pour les reconquérir de manière intelligente, et accompagner leurs acteurs : nouveaux habitants en recherche d’une meilleure qualité de vie, créateurs d’entreprises, étudiants, et évidemment agriculteurs. The Land c’est aujourd’hui une bonne vingtaine d’entités et 300 collaborateurs. Il forme cinq pôles : lycée, formation post-bac (jusqu’à Bac+6, soit 10 écoles), formation continue, vie sociale et culturelle (Think tank avec 30 acteurs du territoire, marché mensuel, artistes en résidence…), et développement économique avec une pépinière d’entreprise et deux incubateurs notamment. L’un de ces incubateurs est dédié aux étudiants qui veulent entreprendre, l’autre – Enzhyme – à la réorientation professionnelle.
Quel regard portez-vous sur l’entrepreneuriat féminin en particulier ?
Je ne fais pas de distinguo entre femmes et hommes, ce sont des entrepreneurs tout court ! Mais force est de constater qu’il y a beaucoup à faire, notamment dans les territoires ruraux. On doit progresser sur la place de la femme, qui est liée à l’histoire : dans l’agriculture, ce n’était pas elles qui portaient les exploitations, et cela a façonné les mentalités. Sur les territoires ruraux, il y a un vrai besoin d’aider les femmes qui veulent entreprendre, puisqu’il manque de structures d’accompagnement. Pourtant, beaucoup de femmes se lancent sur des enjeux nouveaux et porteurs de sens. Et c’est tant mieux ! Nous avons organisé le 7 avril dernier le Trophée des Coqs d’Or, qui récompense l’innovation dans les territoires ruraux. Dans le jury, on trouvait d’ailleurs Elena Maneru, la présidente de Femmes de Bretagne. Et parmi les lauréats, beaucoup étaient des femmes, parce qu’elles osent lancer des projets innovants en matière d’environnement, de culture ou de lien social.
Comment The Land travaille-t-il main dans la main avec Femmes de Bretagne ?
Il n’y a pas de hasard ! Nous nous sommes rencontrés car nous travaillons dans des univers pas éloignés et nous avons pensé que nous pouvions faire des choses ensemble. Comme nous, Femmes de Bretagne œuvre sur l’entrepreneuriat et affiche un attachement fort au territoire. Le réseau partage les mêmes valeurs que celles inscrites dans notre manifeste, comme accompagner les entrepreneurs, avec une approche humaniste et solidaire. Femmes de Bretagne, par son maillage, apporte aussi une grande aide sur les territoires ruraux où les entrepreneurs sont plus isolés. Ensemble, nous répondons actuellement à un appel à projet de Bpifrance pour développer l’entrepreneuriat au cœur des territoires bretons. Nous avons choisi de proposer un dispositif ciblant les femmes, et qui s’articule autour de nos deux structures, pour apporter accompagnement à la création d’entreprise, soutien et partage d’expérience. Si nous le remportons, il sera lancé fin 2022. The Land et Femmes de Bretagne vont avancer sur beaucoup d’autres projets ensemble, en fonction des opportunités, pour se nourrir l’un et l’autre. The Land veut essaimer d’autres antennes en Bretagne et ailleurs, cela pourrait se faire en partenariat avec Femmes de Bretagne.