Cheffe d’entreprise dans le secteur de la petite enfance à Reims, Hortense Girard a tout quitté pour une nouvelle vie, en Bretagne, au plus proche de la nature. Passionnée de botanique, la jeune femme s’est lancée dans la culture de safran et de thé à Landévant (56). Des plantes et produits qu’elle commercialise via son site de vente en ligne : www.bohea.bzh.
En 2020, bien avant la crise du Covid, le projet de changement de vie était déjà acté. Hortense et son conjoint opèrent chacun un virage à 180°. Lui, quitte la finance pour devenir ébéniste. Elle, lâche son entreprise pour se connecter à la nature. Ils achètent une longère à retaper à Landévant et par chance, un champ de 4 hectares se libère juste en face. L’occasion rêvée pour Hortense de se lancer dans la culture. « J’ai toujours voué une admiration pour les agriculteurs. Je suis amoureuse de la nature, de la faune et de la flore. Je cherchais une culture esthétique et à forte valeur ajoutée », raconte la jeune femme.
Elle pense au safran et au thé. Amatrice de thés, elle découvre que la filière thé française est en plein développement. La demande est en effet de plus en plus grande pour un approvisionnement hexagonal. « J’ai rencontré un pionnier de la culture de thé en Bretagne, à Languidic, qui commence sa commercialisation. Je me suis rendu compte que c’était possible », observe Hortense Girard.
Participer à la création de la filière de production de thés français
Et pour cause, la plante de thé s’inscrit dans la famille des camélias d’ornement. Des plantes qui aiment les terres acides et le climat tempéré breton, avec un sol qui ne gèle pas. « En revanche, le thé n’aime pas les vents asséchants », complète-t-elle, travaillant à la plantation d’une haie suffisamment haute pour protéger ses cultures.
En 2021, Hortense plante d’abord une première culture de 10 000 bulbes de safran dont la récolte a démarré en octobre. 60 grammes de cet or rouge, épice encore assez méconnue, sont commercialisés sur son site en ligne exclusivement. La conversion de ses cultures en Agriculture Biologique dès 2024 doit lui ouvrir les portes des Biocoop bretonnes. Sur une autre parcelle de 5 000 m2, Hortense a planté 5 100 théiers fin novembre 2021, aidée d’une vingtaine de bénévoles. « Avec l’Association Nationale pour la Valorisation des Producteurs de Thés Français, je participe à la création de cette filière en France », sourit la jeune femme.
Aucune formation n’existe aujourd’hui dans ce domaine, aussi Hortense enrichit sa connaissance sur le terrain et par de nombreuses recherches. « Avec le producteur de Languidic, nous avons répondu à un appel à projet régional visant à mettre en place un programme de recherche expérimental sur nos exploitations. D’autres producteurs en France vont y participer, sur le même modèle, afin de créer des données et de pouvoir analyser les résultats concernant cette culture », précise Hortense Girard.
Une culture traditionnelle
En attendant, Hortense a planté une dizaine de cultivars différents lui permettant de développer du thé noir, vert et blanc. « Les couleurs dépendent du process de transformation essentiellement », indique-t-elle. La première récolte aura lieu à l’automne. La cueillette se fera à la main de manière traditionnelle car la mécanisation est encore inexistante dans ce domaine. Trois feuilles maximum par pieds, histoire de stimuler la croissance à venir. « La première année, je devrai récolter 10 kg, puis 20 kg la deuxième et 30 kg la troisième… Le rendement commence à se faire à partir de quatre à cinq ans de culture », explique Hortense.
Son atelier de transformation et d’assemblage lui permettra de créer ses propres variétés de thés. Et pour Hortense, pas question d’utiliser des arômes artificiels ou des huiles essentielles. « Les vrais connaisseurs aiment le thé nature. C’est le vrai goût du thé », reconnaît-elle, espérant éduquer les palais. De son passé de créatrice d’entreprise dans le Grand Est, Hortense Girard a gardé le souvenir du sentiment de solitude que ressent le dirigeant.
Grâce au réseau Femmes de Bretagne, elle partage ainsi ses doutes, ses peurs et enrichit sa réflexion à chaque étape du développement de son activité. En pleine phase d’apprentissage, Hortense sait qu’elle a encore beaucoup de travail pour maîtriser sa culture. « Il y aura plein de tests, des erreurs, cela prend du temps. Mais cela apprend aussi à vivre avec le rythme de la nature », observe celle qui a toujours rêvé de vivre à la campagne.
Rédaction : Violaine Pondard