« Recréons ensemble le lien entre l’Homme, la Terre et l’Animal » est la devise de la jeune société Terre & Cow qui propose un suivi personnalisé et indépendant aux éleveurs bovins d’Ille-et-Vilaine. Rencontre à Maen-Roch avec une de ses fondatrices et co-gérante, Sophie Rouanne.
Sophie a grandi dans les Yvelines. Enfant, elle se découvre une passion pour les vaches lors des vacances passées en Bretagne chez ses grands-parents. « Ils habitaient à côté d’une ferme à Romagné. J’adorais les vaches, les observer, voir le déroulement de la traite. Je crois que mon souhait de devenir vétérinaire vient de là », confie-t-elle. Ne perdant pas de vue cet objectif, Sophie poursuit ses études à l’école nationale vétérinaire d’Alfort. Diplômée en 2013, elle se spécialise une année de plus en médecine bovine, enseigne encore un an au sein de son école, puis quitte la région Parisienne pour s’installer en Bretagne.
Sophie exerce alors en tant que vétérinaire rural à Martigné-Ferchaud où elle soigne durant près de 4 années principalement des bovins. « Dans ma pratique, je me sentais frustrée car les éleveurs nous appellent souvent trop tardivement pour bien s’occuper de leurs animaux. Et, puis nous rencontrions beaucoup d’éleveurs en difficulté, débordés par le travail, avec des rémunérations souvent insuffisantes. » De ce constat, Sophie ambitionne de travailler différemment avec eux. « Accompagner l’éleveur pour qu’il se sente bien dans son travail aura aussi des répercussions sur la santé de son troupeau », complète la vétérinaire. Avec une ancienne collègue, Pauline Dornier, elles créent la société Terre et Cow, en juillet 2021.
Des conseils personnalisés et indépendants au service d’une agriculture durable
Terre et Cow s’adresse aux éleveurs de vaches allaitantes ou laitières d’Ille-et-Vilaine et des départements limitrophes. Les deux vétérinaires leur proposent un accompagnement d’une année minimum et jusqu’à 3 ans, avec en moyenne une dizaine de rencontres par an. « Nous souhaitons un engagement de l’éleveur sur la durée, car plus on a le temps, plus la démarche est pérenne », précise Sophie.
L’accompagnement démarre par l’identification des problématiques, par exemple des coûts de production trop élevés, une masse de travail trop importante, des vaches souvent malades… « Nous sommes à l’écoute des besoins de l’éleveur car l’objectif est de réfléchir ensemble à des solutions adaptées et en toute neutralité car nous ne vendons rien », précise Sophie. Tous les sujets sont abordés dans un esprit de prévention : alimentation, logement des bêtes, gestion des maladies… « Avec lui, nous identifions les principaux facteurs de risques, des vaches qui boitent par exemple. Cela peut être lié à des problèmes d’aménagement sur l’exploitation », explique la vétérinaire.
Une approche innovante et vertueuse pour le territoire
Le 30 novembre 2021, Terre et Cow remporte le prix du « Développement Durable » au concours Créa ACC organisé par l’ordre des experts-comptables de Bretagne. Une belle récompense pour ces deux vétérinaires qui aspirent à accompagner les éleveurs vers un mode de production soucieux de l’environnement et de la santé animale. « Certains éleveurs utilisent du maïs et du soja importés pour nourrir leurs bêtes. Nous les encourageons à produire eux-mêmes leurs fourrages, les conseillons pour mieux rentabiliser leurs pâturages et identifier les espèces d’herbe les plus nourrissantes riches en protéines », complète Sophie.
L’approche de Terre et Cow est nouvelle sur le territoire. La relation de confiance s’instaure sur la durée avec les éleveurs. Quatre d’entre eux ont déjà franchi le pas à ce jour. « C’est parfois difficile de faire comprendre aux éleveurs l’intérêt d’investir dans l’humain, eux qui ont plutôt l’habitude d’investir dans du matériel. Nous accompagnons aussi les vétérinaires pour les aider à repenser leurs partenariats avec les éleveurs », complète Sophie.
La jeune entrepreneuse a découvert le réseau Femmes de Bretagne il y a un an. « Il y a quelques années, je n’aurai jamais imaginé faire partie d’un réseau de femmes », avoue-t-elle. Sophie participe à quelques ateliers au sein du réseau. « Je crois que le plus important quand on est entrepreneuse, est de ne pas avoir peur que cela ne marche pas. De toute façon, créer son entreprise c’est toujours une bonne expérience », assure-t-elle.