Nouvellement installée à Carnac, cette ex-Parisienne a fait le choix de donner du sens à sa vie professionnelle en la développant sur l’axe de la responsabilité sociale et environnementale. Consciente des enjeux climatiques, Lorraine Le Baud s’inscrit dans une dynamique d’écoconception, qu’il s’agisse de systèmes informatiques avec son activité de conseil en numérique responsable, ou de fabrication de serres urbaines avec sa marque UPGAARDEN. Un projet nommé au Prix Ecovisionnaire de Femmes de Bretagne.
Elle l’affirme d’emblée : son parcours n’est pas linéaire. Et qu’importe, chacune des expériences de Lorraine Le Baud enrichissent sa vision du monde et sa manière à le rendre plus soutenable. Titulaire d’un DESS Administration des Entreprises, elle collabore d’abord au sein de cabinets de conseils comme Accenture et gère des projets de déploiements de progiciels de gestion pour des groupes industriels internationaux. « Mais, de manière régulière, tous les six ou sept ans, je commence à entrer dans ma zone de confort et je m’ennuie », confie-t-elle. Alors, en 2003, elle émigre au Canada, à Montréal. « Le contexte était facile pour travailler. Pour autant, c’est une école de l’humilité car on redescend l’échelle sociale et on repart de zéro », raconte-t-elle, débutant comme secrétaire dans un hôpital psychiatrique.
Après deux ans de cette aventure, elle rentre en France et rejoint le cabinet de conseil Accenture, au sein duquel elle perfectionne son expertise en refonte de systèmes d’information complexes. Le même besoin de changement et de challenges la rattrape en 2011. « Cette fois, nous décidons de partir plus loin, au Panama », précise Lorraine. Avec son conjoint, elle ouvre une crêperie dans le quartier historique de Panama City. « L’organisation et la préparation d’un service requièrent une grande rigueur. C’est une expérience qui a démontré ma capacité à entreprendre et mon audace », note-t-elle. Des qualités que son futur employeur, Technip, reconnait et qui lui permettent de rejoindre ce groupe international para-pétrolier à son retour en France, après quelques temps chez Deloitte.
De l’informatique responsable
Après quelques années à la direction informatique du groupe, elle prend conscience des impacts négatifs du numérique sur l’environnement et sur la société. Finalement, elle quitte son poste, déménage en Bretagne et suit un Master d’économie circulaire à l’UBS de Lorient. Au programme : droit de l’environnement, méthodologie de bilan carbone, business model de l’économie circulaire, RSE, numérique responsable… « Cette formation, que j’ai réalisée en alternance au sein d’une fédération, m’a permis de murir deux projets qui me tiennent à cœur », commente Lorraine. D’abord, elle lance une activité de conseil en numérique responsable. « Je capitalise sur mon expérience et mon réseau dans l’informatique et y rajoute la corde responsable. Il s’agit de faire les bons choix d’équipements, de prestation, de conception de logiciel… », évoque-t-elle. Et si ces conseils s’appliquent aux grands groupes, ils se déclinent aussi individuellement. « L’objectif est de faire évoluer les pratiques vers plus de responsabilité. Comme arrêter de renouveler son smartphone tous les 18 mois, arrêter le streaming en permanence… » Si les usages explosent, faisant s’envoler la consommation de CO2 liée à l’hébergement et aux infrastructures, les volets environnementaux et sociaux n’en demeurent pas moins essentiels. « Rallonger la durée de vie de nos outils, acheter du reconditionné, louer plutôt qu’acheter… toutes ces solutions doivent être massifiées », admet-elle.
Des mini-serres de jardin issues du réemploi
Au sein de son précédent emploi, Lorraine participe au déménagement des 4000 salariés d’une tour de la Défense. « Les cloisons en verre des bureaux partaient à la benne. Dans cette logique d’économie circulaire, je me suis demandé s’il n’était pas possible d’en faire quelque chose ! » Aucune filière de réemploi des vitrages n’existe alors. Lorraine décide de prendre le sujet à bras le corps et de trouver un exutoire qui adresse un marché en plein essor : les serres de jardin. « Je collecte les vitrages sur des chantiers de démolition ou de rénovation, je les redécoupe à des tailles standards et je réalise des mini-serres à la fois solides et esthétiques », explique-t-elle. « Surtout, l’empreinte carbone des serres est quasiment nulle, environ 10 kg de CO2 émis, soit trente fois inférieur à l’équivalent en neuf. En deux saisons, les émissions sont compensées avec la plantation de semis ! Par ailleurs, réemployer ce verre évite l’enfouissement, qui concerne 97 % du verre plat ».
Si les tasseaux de bois sont neufs (l’identification d’une filière de réemploi est en cours), les vérins proviennent d’anciens ouvrants de coffres de casses automobiles. De plus, les serres sont fabriquées par le centre de réinsertion pénitentiaire de Ploemeur. Un autre argument fort pour la marque qui va disposer du label PePs, « Produit en Prison.s », et qui s’inscrit dans la démarche de développement durable. En série limitée pour l’instant, le modèle de serre châssis, idéal pour hiverner quelques plantes frileuses et réaliser ses semis en début de saison, est en vente sur le site www.upgaarden.com.