Liza Kérivel
Elle est la Plume d’une personnalité politique. Elle s’est tracée, depuis son enfance, une route d’écriture.
Liza a grandi dans la banlieue nantaise, à Vertou. Petite fille plutôt timide, elle s’épanouit dans la danse classique qu’elle pratique assidûment. Elle est entourée d’une maman secrétaire qui a longtemps arrêté de travailler pour élever ses deux enfants, d’un papa directeur de SEGPA en collège et d’un frère de sept ans son aîné. « J’avais toujours peur de mal faire et j’étais très solitaire. C’est comme ça que je suis tombée dans la littérature. Je m’ennuyais beaucoup et la lecture est venue combler cet ennui. »
Côté études, elle suit un cursus en fac de sociologie en parallèle d’une fac en sciences de l’éducation, à Nantes. Elle intègre ensuite l’Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris où elle fait un Master 2 en sciences sociales, en lien avec l’Ecole Normale Supérieure. Puis, elle exerce en tant que sociologue pendant plus d’une dizaine d’années, avant de reprendre un Master 2 à Sciences Po Rennes, en Expertises de l’action publique territoriale. « On est dans un pays où toute compétence doit malheureusement être attestée par un diplôme. Cela occasionne beaucoup de mal-être et de souffrance. Il est si difficile de trouver des passerelles quand un boulot ne convient plus… » Au fil de ses expériences professionnelles et de celles de son conjoint, elle déménage : Saint-Nazaire, Nantes, Rennes, Lorient, Challans, Vannes…
Changement de cap
En 2017, « j’allais avoir 40 ans, j’étais secrétaire générale d’une agence d’urbanisme à Nantes. J’habitais à Saint-Nazaire et j’avais beaucoup de trajets… Je me suis rendu compte que je n’avais plus aucun équilibre, ni dans le travail ni dans ma vie privée. C’était le moment de changer. » Elle décide alors de monter son entreprise. « Quand j’étais sociologue, je produisais des études sur le vieillissement, les violences faites aux femmes… et je savais bien que c’était l’écriture qui m’animait, j’avais déjà écrit quelques romans aussi, le temps était venu de travailler à plein temps dans l’écriture. » C’est ainsi que « Portraits & paysages » naît.
Pendant deux ans, elle écrit pour différents clients, journaux d’entreprise, rapports, contenus web… « J’ai trouvé difficile d’entreprendre, surtout d’un point de vue administratif. Les devis, les factures, les déclarations sociales, tout cela m’a demandé une énergie ! Je n’étais pas du tout dans les réseaux, et personne ne travaillait en indépendant autour de moi. Mais ce que j’ai aimé, c’était de ne dépendre de personne. J’ai trouvé cela plaisant de maîtriser totalement mon emploi du temps professionnel et personnel. C’est très précieux et c’est une vraie problématique contemporaine : redevenir maître de son temps ! »
Cette expérience est une passerelle de deux ans vers son nouveau métier, car Liza est désormais Plume à plein temps : « C’est la première fois de ma vie que j’occupe un poste où je suis convaincue d’être à ma place. Non pas la place que les autres me donnent, mais bien la place que j’ai envie d’avoir. Je suis très solitaire et cela me va très bien de me retrouver des journées entières à écrire, alors que la personne pour laquelle on écrit, elle, est dans l’action, sur le terrain, au contact des autres. »
S’engager auprès des femmes
Liza a rejoint le réseau Femmes de Bretagne depuis septembre 2020. « J’ai trouvé fabuleux de pouvoir soutenir des femmes qui ont envie d’entreprendre, mais au-delà de ça, toutes les valeurs qui sont déployées : l’entraide, la bienveillance… Ce qui me motive, c’est que quand j’ai monté mon entreprise, je me suis sentie très seule. Si j’avais connu ce réseau alors, j’aurais adhéré sans hésiter ! Et puis, il y a des réseaux que je n’intégrerais pas, parce que je me méfie beaucoup de l’entre-soi. Ce qui est formidable dans Femmes de Bretagne, c’est que les femmes sont d’horizons complètement différents. Dans une même association, c’est assez rare et cette diversité est une vraie richesse ! » Cela permet également de mieux combattre les inégalités qui selon elle « se jouent dans l’enfance. Je pense qu’il y a des choses fondamentales à revoir dans l’éducation pour que les filles puissent se sentir à égalité avec les hommes. La plupart des femmes ont le sentiment qu’elles sont en-dessous, elles vivent souvent un syndrome de l’imposteur. On a toujours l’impression que l’on n’est pas à la hauteur, que l’on n’est pas assez ou alors trop… Il faudra encore plusieurs générations pour y arriver, je suis optimiste, mais cela va prendre encore du temps ».
Côté écriture plus personnelle, Liza a commencé par écrire des nouvelles, des romans, des livres collectifs… et vient de publier « En nous », un livre de poésie pour adultes et enfants accompagné d’une exposition qu’elle cosigne avec une artiste-graveuse du Morbihan. Au mois de juin, sortira aussi aux éditions Goater de Rennes, son nouvel opus où elle raconte la vie de sa grand-mère « penn-sardine », qui aurait eu 100 ans cette année. « Je pense qu’il ne faut jamais oublier d’où l’on vient, quel que soit notre parcours… »