Membre de Femmes de Bretagne depuis trois ans, Gaëlle Le Buzullier, 54 ans, travaille à la SNCF. Elle anime également des ateliers narratifs et de co-développement dans son entreprise ainsi qu’au sein de l’association, via le mécénat de compétence de la fondation SNCF.
Quel a été votre parcours ?
J’ai suivi une formation de sciences politiques pour me spécialiser ensuite en sociologie politique. Je me suis également formée en communication et marketing. J’ai d’abord travaillé dans des instituts d’études puis je suis entrée à la SNCF au service des études pour la direction du TGV. J’ai eu ensuite l’opportunité d’exercer aussi bien des métiers de terrain que des études de veille stratégique ou du marketing. Il y a dix ans, après avoir été responsable du marketing des TER Bretagne, je suis repartie sur Paris, tout en restant vivre à Rennes. Aujourd’hui, j’occupe un poste avec deux missions principales : je pilote des projets SI et j’accompagne les salariés de l’entreprise dans le cadre du réseau des coachs internes de la SNCF. J’accompagne les salariés sur différents types de missions. Par exemple, dans le cadre de la crise de la Covid, j’ai animé plusieurs groupes de co-développement. J’ai aussi réalisé du coaching court pour aider les managers à mettre à plat une difficulté ponctuelle. Cela leur permet de prendre de la distance et de ressortir boosté. Via le mécénat de compétence de la fondation SNCF, j’ai proposé d’animer le même type d’ateliers pour les entrepreneuses de Femmes de Bretagne.
Quelle est votre motivation pour vous investir auprès des femmes ?
Elle vient de mon histoire personnelle. Quand je suis devenue mère, j’ai eu le sentiment que quelque chose s’était abattu sur moi, comme si, dans le regard de certains, j’avais perdu ma capacité à être disponible, à évoluer. C’était assez étonnant ! Je suis issue d’une lignée de femmes qui se sont battues pour leur autonomie, qui ont vécu des choses difficiles, mais ont toujours su rebondir. J’aime me rattacher à cette histoire, comme celle de mon arrière-grand-mère. Sa mère l’a abandonnée, elle a été élevée par ses grands-parents, elle s’est mariée après avoir perdu un premier fiancé lors la première guerre mondiale. Elle a monté sa propre affaire, un bazar, a eu 5 enfants, en a élevé des dizaines d’autres issus de l’assistance sociale… Je suis issue de cette lignée de battantes, de femmes autonomes, résilientes avec une vraie volonté de liberté et d’aider les autres. J’aime apporter cette histoire aux femmes, les aider à honorer toutes leurs forces, leurs ressources, pour les inciter à rebondir, y compris après des coups durs.
Qu’est-ce qui ressort de ces ateliers ?
Beaucoup de problématiques sont évidemment liées à la crise sanitaire. Je rencontre des femmes qui ont des étoiles dans les yeux quand elles parlent de leur projet, mais qui sont déstabilisées par ce coup d’arrêt. Surtout pour celles qui fondent leurs ressources dans la relation à l’autre. Dans mes accompagnements, ces problématiques sont très présentes : comment créer du lien malgré la distance, prospecter commercialement sans perdre son âme, car ce sont souvent des femmes qui ont quitté la performance ou la concurrence de l’entreprise pour suivre leurs propres valeurs. J’essaye de les accompagner pour leur montrer qu’il y a d’autres marges d’action possibles. Et peut-être aussi des renoncements pour aller mieux, car certaines mettent la barre tellement haut que cela en devient douloureux. Les ateliers narratifs que je propose sont autour de ces thèmes, avec des outils comme l’arbre de vie, outil métaphorique qui permet à partir de l’histoire déjà vécue, d’aller chercher tous les obstacles que l’on a franchis et de s’en servir pour se projeter sur ses désirs, ses envies, ses projets… Cela permet de redonner du sens et des liens, de construire un pont entre ce que l’on a vécu, ce que l’on vit aujourd’hui et ses projets. Ces fils structurent la motivation, l’envie, la résilience aussi parfois.