A seulement 36 ans, Anne-Gaud Millorit, (à prononcer « Gaude »), a un parcours atypique : originaire de Bordeaux, la jeune femme est aujourd’hui gérante du Café du théâtre à Moncontour et maire de la petite cité de caractère. Si les missions qu’elle a exercées tout au long de sa vie ont été différentes, ses valeurs, elles, restent les mêmes.
Anne-Gaud n’a pas les pieds dans le même sabot. Après des études en sciences politiques, la jeune femme enchaîne avec un master d’urbanisme qui la conduit à réaliser un stage au Congo. Ses diplômes en poche, elle y retourne pour rejoindre un ancien collègue qui a monté un cabinet conseil travaillant essentiellement pour des groupes pétroliers. Dans le cadre de leur responsabilité sociétale d’entreprise, ils soutiennent des projets pour contribuer au développement des villages. Bras droit du cabinet pendant trois ans, elle décide de rester au Congo et devient déléguée générale d’une association ayant comme objectif de créer un tissu de PME-PMI local.
En 2014, imprégnée de son expérience africaine, Anne-Gaud prend la décision de rentrer en France avec l’envie de mieux connaître le monde agricole. « J’avais besoin de comprendre comment notre agriculture en est arrivée là. J’étais intimement convaincue qu’on ne pouvait pas continuer à aller droit dans le mur ». Pour apaiser sa soif de curiosité, elle décide de faire des stages afin de creuser le sujet. Woofing en Italie, visite de fermes, d’élevages, de sites de permaculture : Anne-Gaud compte bien découvrir l’éventail des métiers, jusqu’au moment où elle se rend compte que les stages ne suffisent plus. Elle décide alors de devenir ouvrière agricole. Cependant, une partie d’elle désire retourner vers le développement. Elle trouve alors un poste de coordinatrice au CEDAPA (centre d’étude pour un développement agricole plus autonome).
Nouvelle venue dans les Côtes d’Armor, le poste permet à Anne-Gaud de connaître le territoire, et plus largement la Bretagne qu’elle juge non conformiste et ouverte à tous les projets, même les plus fous. Parallèlement, elle découvre le bar Le Contretemps de Moncontour, « reconnu départementalement au moins, internationalement peut-être ! (rires) » Elle commence à fréquenter, les fêtes, les festivals et tombe rapidement sous le charme de la ville. «Elle est belle et reposante. Il n’y a pas besoin de beaucoup pour faire quelque chose et pour moi c’est une de ses forces». Anne-Gaud achète une maison dans le centre historique et quelques mois plus tard, elle arrête son travail pour devenir sa propre patronne et créé un lieu pour prendre un thé, grignoter des tartes salées ou sucrées, et assister à des spectacles. Après une formation avec Rich’ess, elle lance le café du théâtre dans les murs de sa maison en juin 2019. Dans un esprit salon de thé, elle propose des douceurs confectionnées sur place. Un brunch et des animations sont programmés chaque dimanche ainsi qu’un dîner conté par… elle-même ! «l’hymne du café du théâtre, c’est nourrir les yeux, le ventre et le cœur». Si l’activité passionne la jeune femme, elle sait pertinemment qu’elle ne suffit pas à la faire vivre. « Quand je suis arrivée dans la commune j’ai été très bien accueillie. Le jour où j’ai eu les clés, l’ancien deuxième adjoint m’a fait visiter la ville et nous avons beaucoup échangé ».
L’engagement politique à Moncontour s’affirme petit à petit. Mais ce n’est pas une surprise pour celle qui a toujours clamé depuis ses douze ans vouloir devenir « présidente de la république » « C’est pour ça que j’ai fait Sciences Po, pour comprendre et changer le monde ! J’ai toujours eu envie de contribuer à quelque chose de plus grand que moi, et surtout, le faire de façon collective ». Arrive alors le temps des élections municipales et à Moncontour, il n’y a pas de candidat annoncé. L’idée de s’impliquer fait petit à petit son chemin dans l’esprit d’Anne-Gaud. Elle hésite, pense qu’il est peut-être trop tôt, mais finalement, pressée par l’envie de contribuer au développement de la commune, elle accepte de se lancer. « Ce n’est pas une ville qu’on habite par hasard. Je n’aurais jamais pu ouvrir le Café du théâtre ailleurs qu’ici. J’avais envie de rendre ce qu’on m’a donné ! ».
Anne-Gaud constitue alors une équipe de 15 personnes, élue au premier tour en mars, dont 14 nouveaux mandats. « La moyenne d’âge est de 38 ans, on est 8 femmes et 7 hommes, même s’il n’y a pas d’obligation de parité dans les communes de moins de 1000 habitants, je suis assez fière que l’on ait réussi à y arriver naturellement. La dimension collective est une des premiers choses qu’on a affichée ». L’équipe prône la démocratie : si elle n’a pas d’étiquette, elle sait que la ville appartient à tous.
C’est parce que le collectif est cher à Anne-Gaud, qu’elle se dirige naturellement vers le réseau Femmes de Bretagne.
Café du théâtre /Derrière l’église 1 rue du Docteur Sagory 22510 Moncontour
07 82 28 81 41