Responsable de la coordination de Femmes de Bretagne, Virginie Leclerc a derrière elle un parcours international tourné vers le droit des femmes, au sein des Nations-Unies. Ce qu’elle aime ? Mettre les autres en lien. Voilà qui tombe bien !
Virginie Leclerc est le lien entre les 90 coordinatrices bénévoles de Femmes de Bretagne, sur plus de 45 villes. Un rôle d’interface qui sied parfaitement à cette jeune femme de 37 ans, maman de trois enfants et ancienne consultante du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). De retour sur ses terres natales depuis 2015, Virginie Leclerc a ramené de ses cartons une envie de faire évoluer le droit des femmes. Un combat qui la tient au corps depuis des années.
Sa vie d’avant, au Panama
Diplômée en droit et sciences politiques, elle prend le large dès son master pour un programme Erasmus à Bilbao, axé sur la coopération internationale. Grâce à une bourse du gouvernement basque, elle part ensuite en stage au Panama au sein du Centre régional du PNUD. « J’appréhendais, je ne connaissais rien du Panama à part le fameux canal ! », se souvient Virginie Leclerc. Mais elle était motivée à l’idée d’avancer sur ses réflexions autour du genre. « En un mot l’égalité homme-femme, un thème sur lequel l’Espagne était alors en avance par rapport à la France ». Pendant deux ans, elle travaille sur la place des femmes en politique, menant des enquêtes sur le continent latino-américain. Objectif : voir si les quotas imposés sur des postes à responsabilité ont un impact sur les politiques sociales à destination des femmes. « Eh bien, pas forcément ! constate Virginie. L’enquête a révélé que soit leurs voix sont étouffées par les hommes, soit elles reprennent les orientations et les idées des hommes… » A l’issue de son stage, elle devient consultante dans une équipe centrée sur le VIH et les personnes stigmatisées (LGBTI). « J’ai voyagé dans toute l’Amérique Latine pour recenser les projets, et rencontrer les activistes », raconte Virginie, encore marquée par Haïti et le Honduras, surtout. Elle y a découvert des spécificités culturelles et travaillé auprès de femmes transsexuelles et des travailleuses sexuelles. « Ce sont leurs histoires qui m’ont le plus ouvert l’esprit sur le genre. Que veut dire se sentir homme ou femme ? Pour les indigènes Guna Yala, par exemple, il existe un troisième genre « Les Omeguid » cet espace ambigu entre les genres féminin et masculin. C’est très différent de nos cultures où tout est genré et où l’on fait rentrer les gens dans des cases. Finalement, on se pose parfois des problèmes là où d’autres n’en voit pas ! »
Du doute au retour au pays
Passionnée par son métier, Virginie traverse pourtant un moment de doute, lié à une seconde grossesse. « Avoir une petite fille dans l’Amérique Latine d’aujourd’hui, où je côtoyais la violence faites aux femmes au quotidien, cela m’inquiétait, avoue-t-elle. Le travail de sensibilisation pour changer les mentalités est extrêmement long, usant même. A ce moment, j’étais fatiguée et j’ai senti l’appel de la terre… » Avec son conjoint brésilien et ses enfants, Virginie Leclerc revient en Bretagne. Elle a du mal à trouver sa voie, avec un profil professionnel très atypique.
« Remise à flots » par Femmes de Bretagne
« Un jour, je découvre Femmes de Bretagne sur les réseaux sociaux. J’ai contacté l’association et m’engage à Dinan et Saint-Malo, pour animer des ateliers et des rencontres bénévolement. J’avais besoin de m’ancrer sur ce territoire, où je n’avais plus de repères, et besoin de réapprendre comment fonctionne la société française ». Le réseau étant tourné vers les femmes, le domaine qui a passionné Virginie à l’autre bout du monde, elle s’y sent bien. « Je voulais savoir où nous en étions en France sur la question des droits des femmes. Et cette fois, je ne rentrais pas à la maison avec des histoires tristes ou le cœur qui saigne, mais pleine d’énergie ! », s’enthousiasme-t-elle, estimant que Femmes de Bretagne l’a « remise à flots ».
Pour gagner sa vie elle travaille à l’OFII, pour promouvoir le retour volontaire des demandeurs d’asile. « Je côtoyais de nouveau des personnes aux vies douloureuses, qui faisaient face à un système administratif parfois très rigide… Jusqu’au jour où je suis embauchée par Femmes de Bretagne pour la partie administrative et comptable. J’y obtiens en plus la mission de développer des partenariats pour animer différemment le réseau ». Elle tisse alors des liens avec le Consulat des Etats-Unis ou d’autres associations dont une au Québec par exemple.
« Epoustouflée par l’engagement bénévole des femmes »
En 2019, Virginie Leclerc devient responsable de la coordination du réseau, au moment où Femmes de Bretagne se structure. Virginie doit dynamiser le réseau et trouver des coordinatrices sur un maximum de villes dans la région. Elle sillonne la Bretagne, lançant des coordinations à Questembert, Redon, Vitré, Saint-Pol-de-Léon et Bruz. « La mise en relation, c’est finalement le fil conducteur de mon parcours, analyse la jeune femme. Je suis passée d’un niveau international où je ne voyais pas concrètement les résultats de mes actions, à un niveau régional où les résultats sont directs, par les sourires, les liens qui se tissent entre les personnes, les associations et les milieux économique ou politique. Cela m’a réconciliée avec la nature humaine ! Chez Femmes de Bretagne, toutes les femmes sont les bienvenues pour partager leurs compétences. Je suis admirative de l’engagement de toutes les bénévoles qui font un travail admirable, avec une vraie bienveillance et un vrai professionnalisme. Ça, c’est grandiose ! »