Marie Eloy, fondatrice de Femmes de Bretagne en 2014, a d’abord été journaliste à RFI pendant 7 ans. De retour dans l’ouest, elle a fondé une école Montessori en 2011. Fondatrice de Femmes de Bretagne, elle est aussi aujourd’hui à la tête de Femmes des Territoires, ainsi que de Bouge ta Boite.
Comment vous êtes-vous lancée dans l’entreprenariat ?
En co-fondant une école Montessori à Larmor Baden, dans le Morbihan. Cela m’a donné le goût d’entreprendre : j’ai vu qu’à partir d’une idée on pouvait avoir un impact autour de soi. Après une école de journalisme et du droit, je n’avais jamais fait ni management, ni gestion et je n’avais aucune notion d’économie. J’ai vraiment aimé voir le projet se développer, mettre toute mon énergie à sa réalisation. Mais maman solo, au RSA et avec deux enfants, ce n’est pas tenable d’être bénévole à plein temps ! Quand je me suis demandée ce que j’allais faire j’ai vu l’école comme un fabuleux laboratoire où énormément de mamans s’entraidaient dans leurs projets respectifs. Il fallait réussir à le transposer à l’échelle de la Bretagne. C’est ainsi que Femmes de Bretagne est né en 2014. Très vite, les femmes ont voulu se rencontrer et cela s’est démultiplié, pour avoir aujourd’hui 500 rencontres par an. Puis, avec la Fondation Entreprendre, nous avons fondé Femmes des Territoires à l’échelle nationale. J’ai également créé Bouge ta Boite en 2016. Aujourd’hui, Femmes de Bretagne est co-présidé par Elena Mañeru.
Qu’est-ce que qui vous motive pour soutenir l’entreprenariat au féminin ?
Je ne m’étais jamais interrogée sur la place des femmes dans l’économie. Quand j’étais au RSA, j’ai vu que nous étions quasiment invisibles. Il fallait faire quelque chose. J’ai créé Femmes de Bretagne car c’est le réseau que j’aurais aimé avoir pour lancer l’école. Aujourd’hui, ce qui m’anime, ce sont les rencontres : j’ai dû rencontrer 20 000 dirigeantes et créatrices d’entreprises en 6 ans. Elles sont comme moi, je les connais et je vois bien que nous ne sommes pas à la place que nous mériterions. Au-delà de 10 salariés, il n’y a plus que 14% de cheffes d’entreprise. Quand toute l’économie est dirigée par un genre, c’est comme si la société marchait sur une seule jambe. La société doit être plus équilibrée, il faut que nous ayons davantage d’impact.
Comment briser le plafond de verre ?
D’abord, les rôles modèles. Plus il y aura de femmes modèles plus les femmes pourront s’identifier à elles. En 2018, dans la catégorie patron, 1% de femmes ont été médiatisées. C’est largement insuffisant. Il faut plus de femmes dans les réseaux aussi. C’est grâce aux réseaux, au moment de la création de notre entreprise qu’on va connaître les aides, les financements et que notre entreprise aura plus de chance d’être viable. Et au moment de la croissance, c’est dans les réseaux que l’on va challenger notre stratégie et trouver du business : 70% du chiffre d’affaires vient du bouche à oreille, donc du réseau. Troisième point, il faut absolument qu’il y ait plus de projets de femmes financés. Seulement 2,6% des fonds sont attribués à des entreprises portées par des femmes. Il faut changer les choses ! Enfin, le partage des taches. 73% des taches pendant le confinement ont été assumées par les femmes. Il n’y a pas d’excuses. C’est aux femmes et aux hommes aussi d’y travailler. On peut changer les choses ! Si tout le monde agit en ce sens, hommes, femmes, médias, gouvernement, on arrivera à l’égalité économique.