Co-présidente de Femmes de Bretagne, Elena Mañeru vient de créer son « entreprise à mission », M180. Après un parcours dans les RH à Rennes, elle veut valoriser les métiers à utilité sociale et en tension.
Regard pétillant, sourire enchanteur, Elena Mañeru est toujours prête à relever de nouveaux défis. Elle trace son chemin en saisissant les opportunités, refusant la routine pour sans cesse se renouveler. « J’ai besoin de bouger », confie-t-elle dans un léger et charmant accent ibérique. Née à Pampelune en Espagne il y a quarante ans, elle a déjà passé la moitié de sa vie en France. Arrivée à Rennes en mode Erasmus, elle est passé par la case salariat avant de se lancer en entrepreneuriat en ce début d’année. Titulaire d’un Master administration et direction des entreprises, et d’un Master 2 en management des ressources humaines, Elena a travaillé dix-sept ans en tant que DRH au sein de trois entreprises successives. Chez Vitalitec, d’abord, puis chez Canal+ et Digitaleo, qu’elle a quitté en 2017 « pour une aventure dans une entreprise de santé, qui finalement ne s’est pas concrétisée », raconte Elena.
« Grandir ensemble »
Pendant ces années, elle a toujours été portée « par la recherche de solutions pragmatiques, par un management responsabilisant et participatif, analyse-t-elle. Mon credo, c’est grandir ensemble, on peut faire beaucoup avec peu ». Authentique, spontanée, Elena va de l’avant, innove dans ses pratiques, essaie, même si elle doit aller à contre-courant et bousculer les ordres établis. Une attitude et une force qui font bouger les lignes. Elle a ainsi reçu plusieurs prix lors des Trophées Femmes de l’Economie, dont les prix Femme RH et Femme Innovation sociale en 2016.
Un fil rouge Femmes de Bretagne
Les relations humaines faisant vraiment partie d’elle-même, Elena a intégré très tôt différents réseaux, pour partager son expérience et apprendre. C’est ainsi qu’elle se retrouve Bretonne Solidaire au sein de Femmes de Bretagne, en 2016, puis secrétaire de l’association en 2017 et co-présidente depuis 2018 aux côtés de Marie Eloy. « Je voulais aider, donner un coup de main, raconte Elena. Et puis j’y ai trouvé une énergie incroyable, et découvert une belle cause : celle de l’entrepreneuriat féminin.» Elena met son dynamisme et ses compétences au service de Femmes de Bretagne en allant à la rencontre de partenaires, d’institutionnels, d’entreprises… Elle participe à la définition d’une stratégie et d’une vision à court, moyen et long terme. « Nous sommes présents sur 42 villes, l’objectif est de doubler dès que possible, annonce Elena. J’aimerais que nous soyons là où les femmes sont les plus isolées, pour leur dire qu’elles ne sont pas seules pour créer leur entreprise ! » Plus qu’une envie, un véritable engagement, qu’Elena vit au quotidien. « Il y a un fil rouge Femmes de Bretagne dans ma vie, sourit-elle. C’est beaucoup d’organisation ! »
M180 : attractivité et formation
Mais ce n’est pas un problème pour Elena, qui aime relever les défis. Comme celui de lancer son entreprise. Elle vient en effet de créer M180, une entreprise à mission. Son but : valoriser les métiers à utilité sociale et en tension, comme par exemple ceux de la propreté, de la santé et de l’aide à domicile. L’idée lui est venue en constatant que la société à laquelle elle faisait appel pour son ménage, ne lui envoyait jamais les mêmes salariés…
« Je me suis alors intéressée au secteur de la propreté, lancé une enquête auprès de ces femmes de ménage, des clients, etc, raconte Elena. J’ai constaté que ce métier qui apporte pourtant une forte décharge mentale aux bénéficiaires, n’est pas du tout valorisé ! Ils rendent un énorme service, et pourtant, ils ne sont pas fiers de l’exercer… » Avec M180, elle propose deux types de programmes aux entreprises d’utilité sociale : travailler sur l’attractivité de leurs métiers grâce à la mise en place d’un label (M180 Label Nettoyage écologique et éthique) ; et améliorer les conditions de travail grâce à des formations. « Celles-ci font appel à des méthodes d’intelligence collective pour que les stagiaires soient acteurs et s’approprient le contenu », précise Elena. Des formations de… 180 minutes, bien sûr !