Après 15 ans de salariat dans un grand groupe, Fanny Servent rêvait de créer sa propre entreprise pour la modeler à son image. Un soir de mai, sur la plage de Carantec (29), l’idée lui vient : créer un vestiaire de plage chic et confortable. Et dans une matière spécifique : le tissu éponge, très utilisé dans les années 70, tout à fait susceptible d’être remis au goût du jour.

De l’idée au prototype

« J’ai commencé à tester l’idée auprès de mon entourage » explique Fanny. « Je ne suis ni couturière, ni styliste. On m’a parlé d’une styliste morlaisienne, Bleuenn Seveno, qui connaît bien toute la filière de production, et m’a également accompagnée sur toute la direction artistique autour de la marque. » La marque ? « Maïna » princesse des mers, en breton « un nom qui s’exporte bien ». Mère de quatre enfants, Fanny pense à leur avenir et veut à ce titre contribuer à l’économie locale, régionale, nationale : une production 100% française s’impose, y compris pour la qualité des teintes et de la couture et pour une proximité propice aux échanges. Le coton brut, en provenance du Portugal, est transformé en rouleaux d’éponge imprimée dans une usine française, coupé et façonné dans le Morbihan ; les étiquettes sont fabriquées à Saint-Etienne. « Avec ces choix, le prix est plus élevé, mais le produit est durable. C’est un positionnement, qui ne peut s’adresser à tous, mais cible une catégorie de clientèle. » Le premier prototype est prêt en mars 2019. « Un moment magique ! ».

Du prototype à la collection

Pressée, Fanny veut profiter d’un événement nautique en juin 2019 pour y présenter sur stand sa première collection. « Ca a été une vraie prise de risque. J’ai commandé une grosse quantité de tissu en mars. Les délais étaient trop courts pour que je reçoive toute ma collection en juin : j’ai été livrée peu à peu, mais j’avais des choses à montrer. » Peu de retours de cette expérience, mais deux contacts intéressants pour la suite de l’aventure : une banque désireuse de proposer à ses clients un accès privilégié à des produits sur le thème du nautisme, un skipper aux couleurs d’un club d’entreprises souhaitant promouvoir le 100% made-in-France. Deuxième test clientèle pendant l’été : Fanny loue sept semaines durant un local bien placé au centre ville de la station balnéaire de Carantec, l’aménage dans un esprit bord de mer, y présente ses cabines de plage, marinières et robes en éponge. Test probant pour la collection femme, qui rencontre son public. « En revanche je ne poursuivrai pas tout de suite la gamme enfant. Trouver son marché est une vraie question. On fait des erreurs, mais on ne le sait pas tant qu’on n’avance pas. Le meilleur test, c’est le client ! »

De la collection à la diffusion

« Dans ce magasin éphémère, c’est moi qui vendais. Je parlais de la marque, de son histoire, et ça a joué sur les ventes. Je passe aujourd’hui à un autre test : comment ma marque va-t-elle être reçue par les revendeurs, et va-t-elle se vendre hors story-telling ? » Fanny s’est donné pour 2020 l’objectif d’une trentaine de points de vente. « Je repère les magasins sur internet, je vois si ça correspond. Après il faut aller les voir, vendre, livrer. Si ça marche, à une robe vendue correspondra une nouvelle robe achetée. Mon modèle s’auto-alimentera financièrement et j’aurai donné de la visibilité à ma marque. Restera l’objectif de la troisième année : en vivre correctement ! » Fanny prépare sa nouvelle collection : « une nouvelle robe, unie, un ou deux shorts, une éponge plus fine, pour toucher une clientèle élargie, hors Bretagne ».

Retour sur une année fructueuse

Et Femmes de Bretagne, dans tout ça ? « Ce réseau m’a donné de très bons contacts : j’y ai entendu parler de l’espace de co-working où est aujourd’hui mon bureau ; j’y ai rencontré d’autres créatrices dont j’ai exposé les œuvres dans mon magasin éphémère de l’été ; et j’expose à nouveau avec elles dans un autre magasin éphémère, Le Corner, ouvert à Morlaix du 15 au 30 décembre, et qui fonctionne bien. » Quid de la vie d’entrepreneure ? «  Être entrepreneur, c’est comme être jardinier : on sème, on arrose, ça marche, ça ne marche pas, on a des surprises ! J’ai créé mon entreprise le 17 janvier 2019. Il y a un an, je n’avais rien : pas de nom, pas de statut, pas de stock, rien de vendu. Un an après, j’ai une collection, un univers de marque, des process d’entreprise validés (statut, facturation, livraisons, conditions générales de ventes, choses qui prennent du temps mais qui constituent maintenant un socle solide). Je vois bien qu’à quatre – une personne à la vente, une à la facturation-comptabilité, une à la communication, une à la production – on irait quatre fois plus vite. Or je suis seule, avec quatre enfants. Mais quand je vois le chemin parcouru en un an, je me dis que ce n’est pas si mal ! »

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