Ex-directrice artistique et cofondatrice de 727 Sailbags à Lorient, marque créatrice de bagagerie et de décoration en voiles de bateau recyclées, Anna Beyou vient de prendre le large et s’offre un nouveau voyage professionnel. Entrepreneuse dans l’âme, féministe, Anna Beyou est une femme d’action, toujours en quête de challenges à relever. Elle ouvre ce mois-ci un nouveau lieu de vie à la Base, à Lorient : Le Camp de Base Tara. Un resto à la cuisine familiale et une boutique. Interview.
Quel est le concept du projet Le Camp de Base Tara ?
Il s’agit d’un restaurant, où l’on peut manger sur place ou prendre à emporter. Nous proposons une cuisine familiale et simple, dans un décor rustique chic, qui accueille 30 places assises, avec un espace coffee shop pour « chiller » toute la journée ou se brancher et travailler. L’idée est de créer un lieu chaleureux, le camp de base des marins, et de toute une clientèle active : cet espace où on se retrouve pour manger une bonne portion et se réchauffer avant de partir en mer ou retourner bosser. Le restaurant intègrera une boutique où l’on trouvera des objets estampillés Tara, dont les bénéfices seront reversés à la fondation, ainsi que d’autres marques invitées dont les valeurs sont celles que nous prônons, à savoir le respect de l’environnement et la préservation des ressources. Je crée pour l’occasion une maison d’édition afin de réaliser des objets du quotidien, certains en séries limitées et en matériaux recyclés.
Comment vous êtes-vous entourée pour lancer ce nouveau défi ?
Je me suis associée avec Marie-Anna Conslin. Etienne Bourgois, le Directeur d’Agnès B et le Président de la fondation Tara s’est investi personnellement dans le projet également. Je suis pour ma part actionnaire majoritaire. Nous avons recruté Vincent Teffaut, qui est notre chef en cuisine. Il prépare des plats uniques, des tartes et des sandwichs ou une soupe du jour. Le principe du restaurant est également de donner l’idée d’un carré d’un bateau, il n’y pas de carte mais une seule offre avec un plat qui change quotidiennement. C’est un clin d’œil à la vie à bord de Tara, et pour tous ceux qui aiment le mode de vie à bord d’un bateau : simple et rationnel. C’est aussi là que commence le voyage.
Que souhaitez-vous réaliser par le biais de ce nouveau lieu ?
Avec 727 Sailbags, je me suis attachée à trouver du sens à mes créations, à raconter des histoires, car il y en a dans chaque objet. Ici, mon ambition est de créer un lieu de vie et d’échanges. Toute ma vie j’ai aimé mélanger les projets, se faire rencontrer les gens et les genres. J’ai toujours envie de remettre les rapports humains et la bienveillance au centre. J’espère que cela se ressentira dans notre camp de base. Je souhaite créer un lieu food et design avec une offre gourmande toute la journée et un corner épicerie. Côté objets, je travaille sur la contrainte des matériaux d’abord, pour imaginer des pièces du quotidien, nomades et inspirés par l’Océan. Mes voyages sont aussi une grande source d’inspiration.
Avez-vous reçu des soutiens pendant le montage de ce projet ?
Je travaille sur le projet depuis quelques mois mais il mûrit depuis des années. Je reçois l’écoute du réseau Entreprendre Bretagne, d’entrepreneurs et de copains avec qui on échange régulièrement. Ce lieu sera évolutif. Il faut l’habiter d’abord et le faire évoluer petit à petit. Je fonctionne à l’intuition et aux idées. J’avance aussi un peu comme en l’escalade, un palier après l’autre. Ce qui m’importe, ce n’est pas la destination mais le chemin. Et puis je sais m’entourer. J’ai toujours appris à déléguer, à demander quand je ne sais pas faire quelque chose. Je ne vais pas sur les terrains que je ne maîtrise pas. Mais ce projet reste une aventure collective. Seule, je n’y serai pas allée. Marie-Anna et moi sommes complémentaires et nous partageons des principes de vie et de travail. Nous avons les mêmes problématiques de femmes. Il y a entre nous une solidarité et même une sororité très forte qui nous permettent d’avancer et de nous soutenir. On est aussi toutes les deux agiles, quand ça ne va pas, on a toujours un PLAN B.