Editrice de livres jeunesse, Cécile Lecomte a installé son bureau à Ploërmel. Elle a déjà publié 17 albums reliés, de belles histoires joliment illustrées. Aujourd’hui, elle poursuit l’aventure avec plus d’une dizaine de projets actuellement en cours de création. Rencontre.
Comment avez-vous décidé de devenir éditrice de livres jeunesse ?
J’ai eu plusieurs vies professionnelles. J’ai été comédienne, professeur de théâtre, puis assistante
administrative et commerciale. J’ai alors cherché un nouveau but professionnel qui fasse appel à ma créativité et à mon goût de la liberté. J’avais déjà une appétence pour le livre et les histoires pour enfants. C’est en travaillant sur un projet personnel d’album pour enfant, et en me régalant sur cette recherche, que j’ai pris la décision de fonder une maison d’édition. J’ai écrit un premier texte et cherché une illustratrice pour le mettre en images. Notre collaboration m’a tellement plu que j’ai voulu continuer.
Quelle a été votre rencontre avec le monde de l’édition ?
J’ignorais tout de ce milieu, aujourd’hui j’en connais et comprends les rouages. Je suis éditrice mais je gère également la diffusion et la distribution, deux moteurs essentiels à mon métier. Les petits éditeurs se battent souvent pour exister, or la bataille vide corps et esprit, et fait perdre le sens de ce métier, si beau au départ. Sortie de ce scénario, je suis aujourd’hui sur un chemin d’équilibre pour que La Pimpante grandisse dans la paix, ingrédient essentiel pour concevoir des projets qui, je l’espère, enchanteront le cœur et l’esprit des enfants.
Pourquoi avez-vous fait le choix de piloter la diffusion et la distribution auprès des libraires ?
J’ai fait le choix d’une diffusion-distribution indépendante, et donc d’un rapport direct avec les libraires, parce que cela est essentiel à la viabilité d’une maison d’édition jeunesse. Mieux vaut ne pas être partout mais avoir une trésorerie saine. Et le rapport direct avec le libraire est plus humain, plus riche. Maintenant, après 17 albums édités, dont deux long sellers (une chance !), Toi, ma maman à l’infini et Toi, mon papa à l’infini, je commence à récolter les fruits de mon travail. Ambre, la petite guérisseuse, paru cette année, a été sélectionné pour la Foire du Livre de Brive de novembre
2019. Ambre la petite guérisseuse et les autres titres ont beaucoup plu, or là-bas, la concurrence est rude !
Quels sont les obstacles que vous avez dû franchir ?
La surproduction du secteur, qui ne rend pas la visibilité aisée. J’ai survécu, et à présent je vis sereine, à un passage en diffusion distribution. Dans ce secteur en surproduction, les retours de livres sont grands pour tout le monde. Ces retours génèrent de l’argent pour les diffuseurs et distributeurs, mais le petit éditeur voit donc peu la couleur de l’argent dans ce système mis en place par des lobbies. Par ailleurs, j’ai vécu également des complications de remontées d’informations sur les logiciels de prise de commandes des libraires. Heureusement, j’ai appris à regarder devant moi et à puiser dans le positif. C’est la création et la publication des livres qui me donnent de la joie. C’est l’échange avec les auteurs. C’est le retour si positif des lecteurs et les sourires des enfants sur les salons. Les commandes de réassort des libraires fidèles nous aident à faire connaître nos ouvrages.
Quels sont vos projets désormais ?
Faire vivre cette maison d’édition demande un grand investissement personnel et des convictions mais apporte aussi de la joie. C’est un métier où l’on ne s’ennuie pas.De la création à la distribution, en passant par la fabrication, il existe beaucoup de tâches complexes à maîtriser. Pour m’aider dans le développement de La Pimpante et constituer une véritable équipe, deux de mes partenaires professionnelles vont certainement devenir mes associées l’an prochain. Nous partageons ensemble des valeurs et des envies communes, et sommes amoureuses des livres pour enfants.