Michèle Bonte était institutrice. À l’âge de 45 ans, elle crée son entreprise. Depuis, elle invente et conçoit des arbres en acier, à usages multiples. Des objets utiles, beaux et épurés. Rencontre.
Vertou, à quelques kilomètres de Nantes (44). C’est là que vit, travaille et se ressource Michele Bonte, créatrice. Son potager est en forme, les fleurs poussent joliment, les arbres entourant sa maison lui apportent bien-être et énergie. « J’ai toujours aimé les arbres. Je suis passionnée par la nature. J’essaie de faire passer ça dans mes créations, ce lien très fort. »
En plus de la SARL qui porte son nom, elle se forme actuellement en botanique sur internet. Le thème ? Les plantes sauvages. Un monde dont elle se nourrit au quotidien, depuis toujours, qui inspire et influence son travail artistique, bien loin de son métier d’avant.
Née en Tunisie en 1959, Michèle arrive en France à l’âge de six ans, à Lille où vivent ses parents. Là, elle obtient un Deug de Lettres Modernes. Puis c’est l’École Normale. Dans les années 1980, elle devient institutrice. « Ça me plaisait beaucoup. Mais, parallèlement, j’avais envie de faire quelque chose d’artistique. Je faisais beaucoup de couture, des choses avec mes mains. »
Alors, quelques années plus tard, en suivant son mari à Bordeaux, elle quitte l’enseignement au profit d’une formation en stylisme modélisme : « j’ai fait une école pendant un an. J’attendais un enfant, alors j’ai décidé de créer des vêtements pour les femmes enceintes. J’ai lancé une mini collection. À l’époque, dans les années 90, il n’y avait pas grand-chose ou alors des vêtements très ringards », se souvient-elle.
À l’inverse, elle développe une ligne « plus branchée, plus gaie, plus colorée, moins conventionnelle. » Mais elle se heurte au monde de la mode, « compliqué surtout quand on n’habite pas Paris. J’ai essayé de vendre dans divers magasins bordelais, mais ce n’était pas facile. »
« Un choix risqué, un pari »
Alors elle renonce, retourne à ses élèves, puis en 1999, s’installe à Vertou avec son époux et ses trois enfants. Jusqu’en 2005, année de questionnement et de réflexion : « J’avais 45 ans, je me disais qu’il fallait que je fasse ce dont j’avais envie. J’ai adoré le métier d’institutrice. C’était enrichissant et très gratifiant mais je sentais qu’il fallait que je donne à ma carrière l’orientation artistique dont je rêvais. C’était un choix risqué, un pari. »
Elle s’interroge longuement, se demande ce qu’elle pourrait bien faire. Puis c’est le déclic : « Un jour, je me suis baladée dans l’entreprise de mécano-soudure de mon mari. Il y avait plein de chutes de métal. Je me suis amusée à fabriquer des lampes et des jeux avec. Puis, j’ai découvert la découpe laser : c’était génial, ça offrait plein de possibilités ! »
C’est ainsi que tout commence : elle se met au dessin et développe l’idée de créer des arbres à bijoux en acier. « On peut y mettre des boucles d’oreilles, des bracelets, des colliers…, plutôt que de les enfermer dans des boites. » Puis, elle invente des arbres à bougies, des porte-photos, des porte-manteaux, des porte-sautoirs…
Des objets « utiles, épurés et beaux, qu’on a envie d’offrir car ils tissent des liens affectifs. » Des objets « bienveillants », qui correspondent à ce qu’elle est, profondément humaniste. « La paix, l’amitié, les valeurs humaines, le tissage de liens entre les hommes » lui tiennent à cœur. Pour elle, « notre force est là, dans la complicité et la générosité. »
500 arbres par an
Outre les arbres, les fleurs et les paysages, la vie quotidienne, les rencontres, les livres et les films l’inspirent également. D’ailleurs, elle se promène toujours avec un petit carnet dans lequel elle note, dessine et colle « toutes sortes de choses collectées ici et là. » C’est ainsi que ses arbres prennent forme dans son atelier.
« Un lasériste des Sorinières me fournit l’acier et le découpe. C’est un matériau solide, éternellement recyclable, qui me plaît car il permet de réaliser des découpes très fines et précises. Ensuite, je meule, je ponce, je plie à la main avant de confier l’arbre à un peintre de Malville respectueux des normes environnementales. C’est très important pour moi. »
Puis vient l’heure des colis, l’envoi aux clients, des particuliers et des professionnels, entre boutiques de décoration, de bijoux et de métiers d’art, situés dans toute la France, en Suisse, Italie et au Portugal aussi. « Je travaille en BtoB et en BtoC. En revanche, je n’expose plus dans les salons mais j’ai développé mon activité en ligne. »
Passionnée par son métier, Michèle Bonte crée ainsi environ 500 arbres par an, vendus entre 30 et 120 euros. Certains portent le prénom de ses amies (Ophélie, Inès, Nina, Diane…) et de sa maman (Yvette), et se déclinent la plupart du temps en noir et blanc. « Je travaille tous les jours dans mon atelier. J’en vis même si c’est plus difficile qu’avant : le marché est plus dur, il faut vraiment être présent et il y a tout un travail commercial à faire. J’essaye d’être sur les réseaux sociaux, notamment Instagram et Facebook. Je n’ai aucun regret par rapport à mes choix professionnels. Je trouve que c’est génial d’être créatrice », sourit-elle.
Bienveillance, entraide
De la même façon, elle se retrouve pleinement dans l’esprit de Femmes de Bretagne : « j’ai été coordinatrice avec Vanessa Jaumouillé dans le Vignoble nantais pendant deux ans, ça m’a beaucoup plu. C’est une association qui a des valeurs qui sont les miennes : la bienveillance, l’entraide. Ce sont des femmes qui prennent leur vie en main. J’adore les rencontres, c’est vraiment riche, on tisse de superbes liens, il y a une vraie sincérité. »
Et Michèle de conclure : « à 50-60 ans, on est libéré des contraintes familiales, on a du temps pour soi, c’est formidable, tout est ouvert, on peut choisir ce qui nous correspond, on a la liberté de faire ce que l’on veut, c’est une renaissance. On peut accomplir ses rêves. » C’est bien ce qu’elle a fait, avec un réel talent !
Contact : 06 89 80 93 24 ou www.michelebonte.com