“Faire du commerce sans aimer son produit et sans apprécier sa clientèle n’est pas possible pour moi.”
Notre belle région est connue pour ses paysages somptueux, sa riche gastronomie, son climat… mais depuis quelques années, Vannes ajoute une nouvelle dimension à notre renommée, car voilà qu’elle est devenue la « patrie du rugby » grâce l’unique équipe professionnelle de l’Ouest. Magali Thomas ne s’y est pas trompée, elle vient de reprendre un commerce spécialisé dans la vente de vêtements sportswear à l’effigie du rugby : « La Mêlée côté Breizh ». Extrait d’un échange passionnant avec une femme enthousiaste et combative, qui sait avec malice imposer sa place dans un univers habituellement occupé par les hommes.
Magali, vous venez de reprendre avec votre époux « La Mêlée côté Breizh » : pouvez-vous me raconter votre parcours ?
A l’origine je suis vannetaise, mais après mes études je suis partie rejoindre mon mari Cédric à Biarritz. Dotée d’un BTS action commerciale, j’y ai été employée comme commerciale, métier que mon époux a lui aussi exercé lors de sa reconversion professionnelle. A notre retour sur Vannes, j’y deviens vendeuse pendant 4 ans pour une enseigne de chaussures.
Puis Cédric connaît un licenciement. On commence alors à réfléchir à nos avenirs professionnels respectifs. Et voilà que l’on repère l’annonce d’une grande enseigne à la recherche d’un couple pour devenir responsables d‘un commerce de proximité en libre service, de type épicerie. Nous avons donc postulé.
Ensuite comment cela se passe-t-il ?
Durant onze ans on travaille ensemble comme gérants pour cette enseigne de commerce intégré à un grand groupe, tout en ayant nos enfants. Nous avons alors bougé : Bordeaux, Dol-de-Bretagne, Nogent/Marne… puis on a eu envie de revenir à nos origines vannetaises. Mais un certain nombre de complications ont fait que cela n’a pas été possible de suite.
Comment se passe le retour sur Vannes ?
En 2011 on obtient l’emplacement que l’on voulait en centre-ville de Vannes. Jusqu’en 2017 on tient alors cette épicerie que nous ouvrons du lundi au dimanche avec une coupure le mercredi. Comme précédemment, on est sous un statut de salariés mais on est assez libres de procéder comme bon nous semble tout en atteignant des objectifs commerciaux.
Fin 2017, Cédric et moi comprenons que l’enseigne va être franchisée et qu’elle va « changer de mains ». Cette tournure ne nous intéresse pas, on commence donc à prospecter : Locmariaquer, l’île d’Arz, … En vain…
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Et comment arrivez-vous ici « La mêlée Breizh » ?
Cédric avait repéré ce local commercial qui existait déjà et dont les propriétaires souhaitaient changer d’activité. Un agent commercial spécialisé en fonds de commerce nous a également suggéré que cela pourrait nous convenir. Ainsi les choses se sont déroulées simplement, comme si c’était écrit. On a contractualisé et on a repris le fond de commerce cette année.
Donc d’une épicerie où vous étiez salariés, vous êtes passés au statut de propriétaires d’un magasin indépendant de vêtements sportswear… Comment avez-vous vécu ce virage ?
Nous avons l’habitude de travailler ensemble et tous les deux avons le goût du challenge. Donc cette situation s’est imposée à nous de manière naturelle.
Justement comment vous organisez-vous ? En tant que femme chef d’entreprise, comment vous positionnez-vous ?
On reprend une nouvelle organisation, aussi on sait dès le départ que, le premier mois, cela est source de tensions. Mais ensuite chacun trouve sa place car nous sommes complémentaires : chacun de nous connaît ce que fait l’autre, ce qui évite les rapports de forces.
Je vends des vêtements à l’effigie du rugby. Or je pense qu’il n’est pas encore ancré dans toutes les têtes qu’une femme soit dans ce secteur. Officiellement c’est bien moi la responsable du magasin, cependant certains fournisseurs s’adressent prioritairement à Cédric, ce que je rectifie toujours car je souhaite que ma place soit respectée. Auparavant, dans le secteur de l’épicerie, j’avais été marquée par le slogan « Mon épicier est un type formidable » : pourquoi l’épicier ne serait-il pas une épicière ?… Cela passe aussi par les mots, l’égalité entre hommes et femmes.
Quel est le concept de « La Mêlée côté Breizh »? Avez-vous des projets ?
Nous avons gardé le nom de la boutique et vendons des vêtements assez qualitatifs en lien avec le rugby : tee-shirts, sweats, polos, vestes et accessoires. Notre clientèle varie entre 35 et 45 ans en moyenne : beaucoup d’hommes mais aussi des femmes car elles sont prescriptrices.
Il me semble essentiel de travailler l’aspect communication pour développer notre offre : on a un site Internet, un véhicule à nos couleurs… On réfléchit beaucoup à cet aspect. Naturellement, nous sommes ouverts à l’idée d’un partenariat avec l’équipe du RCV (Rugby Club Vannetais). Par ailleurs, j’estime que nous sommes chanceux car notre boutique est située dans une rue très fréquentée par les vacanciers et nous avons été très bien reçus par nos collègues commerçants. Il est important pour nous de nous impliquer dans la vie de ce quartier.
Quelles qualités vous semblent importantes dans votre rôle de chef d’entreprise ?
Être organisée, structurée ; savoir s’entourer et surtout aimer les gens… Faire du commerce sans aimer son produit et sans apprécier sa clientèle n’est pas possible pour moi.
Votre avis sur le réseau « Femmes de Bretagne » ?
Je le découvre et je suis convaincue que c’est une bonne chose de s’entraider.
Question bonus adressée discrètement à Cédric son époux : Quelle est la première qualité de Magali, vous qui partagez sa vie personnelle et professionnelle ?.
Cédric : Il est facile de travailler avec elle, elle a toujours le sourire, elle est très positive, je ne l’ai jamais vue autrement.
« La Mêlée côté Breizh » , 18 rue Emile Burgault , 56 000 vannes
lameleecotebreizh@gmail.com / 02.97.61.28.49 / facebook lameleecotebreizh / www.lameleecotebreih.bzh
Un entretien mené par la Plume Dominique Thiam, fondatrice de La Boîte à Méthodes à Vannes