Séverine Guerrier, maître d’œuvre en communication visuelle dans l’agence SK-ITC à Nantes : « L’entreprenariat, c’est être face à soi ! »
C’est à la soirée anniversaire de Femmes de Bretagne que j’ai rencontré Séverine Guerrier. Cette cheffe d’entreprise audacieuse a fait le choix de créer son propre métier : celui de « maître d’œuvre en communication visuelle ». Portrait d’une nantaise proactive qui s’est faite accompagnée via un mécénat flash par EY.
– Séverine tu es maître d’œuvre en communication visuelle. En quoi consiste ton activité au sein de l’agence SK-ITC ?
Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises en création ou active sont confrontées à de nombreux outils de communication print, Web, Digital. Cela impose plusieurs spécialistes, interlocuteurs et surtout un minimum de connaissances de leurs métiers. Alors j’ai décidé de devenir cette unique interlocutrice avec une connaissance et un réseau de toutes ces spécialités.
Un restaurateur, par exemple, peut me laisser gérer toute sa communication créative sur papier, enseigne, site internet ou encore marquage de son véhicule sans jamais rencontrer les exécutants. Dans ma sélection de partenaires, il est primordial pour moi d’avoir également un échange humain et direct.
Mes missions sont tout d’abord de créer le visuel avec des créatifs, puis de définir les supports imprimés et web de diffusion. Pour les commerces, je supervise le choix des matériaux des enseignes, les conformités et les poseurs.
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– Quel parcours as-tu suivi avant le lancement de ton activité en 2015 ? Comment t’est venue l’envie de créer ton entreprise ?
J’ai suivi des études de calligraphe-typographe qui m’ont orientée vers le job de graphiste. Puis, dans la course au développement numérique j’ai réalisé une formation de développeur informatique qui m’a amenée à travailler comme fonctionnelle dans l’entreprise internationale de conseil et de technologies Accenture pendant 7 ans.
J’ai créé ma première activité d’indépendante à 21 ans ! Et je dirais que j’attendais cela depuis toute petite ! En revanche, cette première entreprise m’a permis de définir ce qui me manquait : l’approche et l’organisation commerciale. J’ai donc travaillé comme conseillère de vente ou VRP pour plusieurs sociétés de domaine différents.
– Comment s’est déroulé le lancement de ton activité ?
2 enfants en bas âge, une envie d’indépendance, des blocages de statuts quand vous êtes en congés parental… Je dirais que l’on se lance dès qu’on a l’idée. Après il y a la phase de formalisation du lancement. Celui ou les banques valident votre financement, ou le SIRET devient votre numéro passe-partout et où le premier paiement tombe sur votre compte ! Là vous êtes prête : c’est le départ officiel, vous avez tout planifié. Sauf que.. pour ma part j’ai tellement donné durant 1 an, que j’ai eu 15 jours de « burn-out ». On se relève, on se re-vitamine : la course ne fait que démarrer !
– Quel regard portes-tu sur ton cheminement professionnel ?
Ouah ! Un chemin ? Je dirais un parcours de montagne russe ! Mais j’adore, c’est ce qui fait ma richesse et donne encore plus de valeur humaine dans mes échanges avec mes clients.
Le regard que je porte sur ce chemin est qu’il faut être accroché et savoir rebondir ! Je vois surtout que nous les femmes ne sommes pas du tout faibles ou ne réalisons pas cette vie de cheffe pour nous occuper ! Certes nous réfléchissons avec le coeur et l’équilibre « pro-perso », mais quand on a un objectif on s’y tient.
La seconde chose que je constate : même si j’ai été et je suis très entourée, l’entrepreneuriat demeure un parcours solitaire. Entreprendre, c’est être face à soi !
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– Quelle est ta philosophie d’entrepreneure ? Comment définirais-tu l’entrepreneuriat ?
Mon premier mentor m’avait conseillée : « Tous les matins, regarde-toi dans le miroir et dis que tu vas faire tant de chiffre et que tu es une good cheffe ! ». Moi, le matin je ne suis pas réveillée !! Mon secret est là, me réveiller sans penser ! Dès que je suis sur la route du travail, je me conditionne et mes objectifs sont nombreux. J’ai le plaisir des belles choses, de celles qui surprennent et de celles qui adoucissent la vue.
– Quel regard portes-tu sur Femmes de Bretagne ?
J’attendais avec hâte que le réseau arrive sur Nantes ! C’est un réseau féminin très populaire qui présente aujourd’hui la volonté et l’envie de se développer avec les autres. C’est une très belle action en ce sens. Savoir que l’on peut échanger avec d’autres, découvrir des modèles ou encore participer au projet d’une autre donne tout son sens à cette association. Si je devais donner un conseil aux Femmes de Bretagne portant un projet : Faites-le !
– Tu as participé au mécénat flash d’EY. Peux-tu nous faire un retour sur cette expérience ?
Cette journée a été tellement riche que j’en étais épuisée le soir venu ! Je rencontrais une problématique pour laquelle mon statut d’indépendante solitaire sans bagage de gestionnaire ne pouvait trouver la solution. Depuis la création, je travaille non-stop. Je me forme sur des actions de gestion, des méthodologies entrepreneuriales… mais j’avais tellement la tête dans mon activité avec ses 1001 tâches que je ne pouvais plus voir et identifier comment résoudre le réel problème.
EY a tout posé sur la table : 6 experts de domaines différents (trésorerie, gestion de projet, droits…) ont pris le temps d’analyser mon fonctionnement. À l’issue, j’avais 5 axes de réorganisation dont 3 majoritaires.
Aujourd’hui, leur ligne de conduite est toujours sur mon bureau et je m’y réfère en rayant les points réalisés. En revanche, il faut être patient. Une problématique dans une entreprise ne peut se résoudre parfois en quelques jours ou quelques mois. À partir de cette rencontre, ce n’est pas un mur que j’ai dû abattre mais plusieurs que j’ai dû reconstruire… puis détruire… pour reconstruire encore plus haut.
Leur expertise m’a montré réellement comment penser comme un chef financier ! Une entreprise n’est pas que le plaisir de faire. Derrière il y a une multitude de données. En 4 ans, j’ai eu 4 comptables ! Je n’étais pas assez compétente pour identifier les services et la qualité d’expertise d’un comptable. Il en était de même pour les banques. Même avec le meilleur des échanges, les chiffres en augmentation, c’est une confrontation permanente. Mais une problématique nous demande de rebondir encore et encore.
Aujourd’hui, je veux rester indépendante. Aujourd’hui EY m’a permis de m’affirmer et surtout de comprendre. Aujourd’hui si ma société ferme pour des raisons de mauvaise gestion… et bien j’en referais une autre ! Il y a des erreurs que je ne referais pas mais j’en ferais sûrement d’autres. Je considère la vie d’entrepreneur comme une construction en KAPPLA : si tout tombe, il y a toujours des Kappla qui restent pour reconstruire à nouveau. Être indépendant, c’est réaliser avant tout que ce que l’on vit au quotidien seul, c’est ce que toutes les entreprises vivent aussi. D’après moi, des actions réalisées tel que l’a fait EY devraient être proposées par beaucoup d’entreprises.
Un entretien réalisé par Virginie Le Duff