Pendant dix ans, Johanne Gicquel exerce le métier de paysanne-boulangère en agriculture biologique. Dans son livre « Paysâmes », elle dresse le portrait écrit de femmes qui, comme elle, ont un jour épousé la terre. Ses photographies, en noir et blanc, témoignent de leur quotidien dans un univers très genré.
Johanne Gicquel pousse à Merlevenez, à côté de Lorient. Elle y soigne les cochons avec sa grand-mère. Elle ramasse les queues qu’on leur coupe à la naissance pour taire leur instinct cannibale. La révolution du caillebotis, elle la juge aussi sévèrement. « Je voulais une agriculture compatible avec la planète » dit-elle.
A la faculté, elle se spécialise en Sciences de l’Environnement. Elle valorise ses compétences en restauration collective biologique, dans l’habitat durable, et elle sensibilise le public aux économies d’eau. Dans le fournil qu’elle installe en 2007 à Pluméliau près de Pontivy, elle vend en direct, du pain produit sans pesticides, ainsi que des légumes.
L’agriculture, d’abord pensée pour les hommes ?
Celle qui lui enseigne les secrets d’une bonne pâte s’appelle Cathy Trémoureux. Elle la façonne toujours, d’ailleurs, dans sa ferme citoyenne à Lanouée, à deux pas de Josselin. Aurait-elle la motivation à continuer, si elle était attaquée pour la qualité de son pain ? Johanne l’assure. « Si les consommateurs veulent de bons produits, la production suivra ». Elle s’indigne pourtant que certaines femmes, certes de petite taille, ne touchent pas les pédales du tracteur. « C’est un coût parce que ça oblige à embaucher ». Johanne raconte que si elle quitte Pluméliau, c’est parce qu’elle ne peut pas accéder au foncier. Elle regrette que les agricultrices doivent utiliser la caution de leur mari pour acheter des terres, et que l’on ne soutienne pas de manière conséquente celles et ceux qui veulent s’installer.
Images et mots mêlés
Dans ce recueil qu’elle qualifie plus d’« objet livresque » que de livre, Johanne Gicquel compare son expérience à celle de onze paysannes. Elle raconte leur lien au sol, questionne la société à travers le regard de la sociologue Anne Guillou et d’anciennes conseillères en agriculture. Elle met l’humain au centre et laisse parler le cœur.
A Concarneau où elle vit désormais, elle ne cesse d’écrire, de peindre et de photographier. Elle a édité plusieurs livres (de macro-photo sur la nature, et sur les paysages intérieurs de Bretagne), ainsi que des contes pour enfants. Elle pratique également l’aquarelle. Elle aime les gens et les rencontres : Femmes de Bretagne dont elle est membre depuis bientôt quatre ans l’aide à faire marcher la solidarité. Johanne Gicquel y trouve un terreau très fertile pour grandir…
Contact
« Paysâmes » est disponible dans plusieurs librairies et sur le site : https://www.johannegicquel.com
L’auteure recherche des partenaires pour monter une exposition sur les femmes en agriculture.