Elle est ingénieure en fabrication numérique. Et elle en est fière, car son parcours n’est pas linéaire. D’abord orientée vers le métier d’ingénieure biomédical, Estelle Hilaire a toujours été fascinée par l’innovation et les nouvelles technologies. C’est après l’obtention d’un doctorat à Lyon qu’elle retourne en Martinique pour quitter le monde académique et valoriser les connaissances acquises. Une foule d’heures de brainstorming plus tard, Estelle lance avec son associé, William Caster, Karaïb 3D. Une entreprise de savoir-faire et services en conception 3D pour les professionnels et particuliers. Création d’objets, réparation d’ustensiles, expertises pour les organismes privés et publics souhaitant intégrer des solutions 3D… Le quotidien d’Estelle est multiple.

1. Quel est le sens de votre activité ? Pourquoi la menez-vous ?

En développant une activité d’avenir dans un département distant de la France métropolitaine, nous offrons à nos clients la possibilité de se fournir localement. Alors que l’importation implique des délais de livraison et un surcoût imposé par les taxes douanières. Notre entreprise s’inscrit aussi dans une politique d’écodéveloppement en évitant le gaspillage d’énergies et de ressources et en contrecarrant l’obsolescence programmée.  Nos déchets et rebuts sont retransformés en matière première pour nos imprimantes 3D et nous privilégions l’utilisation de plastiques biosourcés. Nous réduisons la fracture numérique et favorisons l’e-insertion, en invitant le public à utiliser et à se former sur les machines du futur.

2. Racontez-nous le(s) déclic(s) qui vous a/ont poussée à entreprendre et les conseils que vous distilleriez à celles qui n’osent pas encore franchir le cap ?

J’estime qu’il est très important de pouvoir se réveiller le matin en ayant une motivation naturelle pour aller travailler, car le métier qu’on a choisi de faire nous stimule. Il existe encore très peu de personnes exerçant mon métier, l’entrepreneuriat était la meilleure façon d’y arriver. Mon conseil ? Il faut garder en tête de pouvoir vivre de sa passion. Je me donne à fond sans avoir besoin de motivation extérieure pour pratiquer mon travail en ayant un objectif économique : à la fois pour développer l’activité économique du territoire insulaire où je réside et également pour développer mes ressources personnelles.

3. Au quotidien, quelles sont vos astuces pour perdurer et affronter les défis ? Comment le réseau Femmes des Territoires est-il un outil supplémentaire ?
Exercer dans un domaine totalement innovant, passionnant, versatile, à faire ce que l’on aime faire et nous permettre de contribuer à notre manière au développement économique de notre île est devenu extrêmement gratifiant.  Malgré toutes les facilités scolaires dont j’ai disposé, il y a eu des moments de doutes et d’échec très souvent suivis de remises en question et de réussites. Je sais qu’il y aura des difficultés au sein de la société que j’ai créée, mais je sais aussi qu’il y aura toujours une solution.
Il existe encore peu de femmes exerçant des métiers d’ingénieur et nous soutenons particulièrement les initiatives visant à les motiver et encourager.

Fort de France – MARTINIQUE

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