Mickaël Yana
Chef de projet chez BGE Morbihan, association d’accompagnement à la création d’entreprises partenaire de Femmes de Bretagne, Mickaël Yana prodigue ses conseils en itinérance via le Bus de l’Entrepreneuriat. S’il se qualifie lui-même de médecin au service des porteurs de projet, il émet son diagnostic, prescrit un protocole et dirige vers des spécialistes pour aboutir à l’épanouissement professionnel de centaines d’hommes et de femmes. Rencontre.
Ce matin-là, les routes du Morbihan sont verglacées. Il pleut depuis la nuit, mais les 2° qu’affichent le thermomètre ne saurait adoucir le bitume. Le Bus de l’Entrepreneuriat, reconnaissable à sa silhouette jaune, s’est installé devant la salle de musiques actuelles l’Echonova à Saint-Avé. Il accueille pour la matinée les porteurs de projets et les futurs entrepreneurs pour les aiguiller sur leurs démarches. L’association d’accompagnement à la création d’entreprise, BGE Morbihan et Finistère, a répondu à l’appel à projet de BPI France pour assurer cette tournée au cœur des quartiers prioritaires. Mickaël Yana, chef de projet, sillonne ainsi les routes depuis octobre 2021, tous les mois, de Brest à Vannes, en passant par Quimper, Concarneau, Lorient, Lanester et Hennebont, ainsi qu’Auray. Moins régulièrement, il fait escale à Grand-Champ, Sarzeau et Elven. « Je réalise 10 interventions par mois réparties sur ces territoires », indique-t-il. « J’invite les gens à venir me poser des questions sur leurs projets et je les informe sur les aides et les accompagnements, financiers ou stratégiques, auxquels ils ont droit ».
Statut, aides, conseils
Sophie, comptable affichant 33 ans d’expérience, installée en presqu’île de Rhuys depuis mai 2022, monte dans le bus à la rencontre de Mickaël. Son projet est déjà bien ficelé, elle sait ce qu’elle veut. « Je veux proposer mes services d’accompagnement administratif auprès des personnes qui sont éloignées des usages internet. La population sur la presqu’île de Rhuys est vieillissante et ne maîtrise pas tout », explique-t-elle. Déclarer ses impôts, renouveler sa carte de sécurité sociale, faire sa demande de retraite… Et même accompagner des actifs dans leurs démarches administratives après le décès d’un proche. « Je me forme toute seule, je me mets régulièrement à jour et je réalise une formation sur le droit du travail notamment. » Mickaël s’enquiert de savoir si elle souhaite créer son entreprise ou rester salariée ? « Je veux pouvoir me lancer à mi-temps, avec un job à côté, le temps de réaliser mon étude de marché et de me consacrer à temps plein à mon entreprise si cela fonctionne ». Sophie a les pieds sur terre. Ce qu’elle est venue chercher ici ? « Comprendre quel statut je dois choisir. Si je peux cumuler le CESU pour des missions auprès des particuliers et la micro-entreprise pour des prestations auprès des entreprises ». Assisté d’une spécialiste, Mickaël lui répond que son activité découle de la profession libérale non réglementée, qu’elle peut alors prendre conseil auprès de la Maison des Professions Libérales du Grand Ouest. « Une journée de formation est proposée avant l’immatriculation de l’entreprise. De manière générale, les aides concernent toujours les démarches avant l’immatriculation », explique-t-il.
Conforter son réseau
Pour mettre sur pied son projet, Sophie doit encore calculer son tarif, choisir les options fiscales de sa structure et compléter sa déclaration d’immatriculation. CCI, CMA, Urssaf, guichet unique de l’Inpi… Mickaël dénoue les nœuds de compréhension de ce millefeuille de l’administration française. « Le Pass Création permet d’accéder à différents accompagnements en vue de se lancer en tant qu’entrepreneur. Il s’agit d’une aide gratuite, financée par la Région Bretagne pour la création ou la reprise d’entreprise. Vous bénéficiez de conseils stratégiques, financiers et juridiques tout au long de votre projet, jusqu’au développement de l’activité, quelque soit votre statut : salarié, demandeur d’emploi ou en congé parental. » Sophie acquiesce, prend des notes et organise la suite de sa démarche. « Est-ce que mon projet est viable ? », demande-t-elle. Pour Mickaël, pas de doutes. Elle a de l’expérience, déjà deux clients et d’autres qui attendent son immatriculation pour faire appel à ses services. « Le réseau vous permettra de vous développer », insiste-t-il. « Femmes de Bretagne notamment, peut vous aider à rencontrer des femmes, comme vous, en projet ou déjà en activité, et à partager vos difficultés comme vos réussites. Une association pour se serrer les coudes ! » Rendez-vous est pris !