Florent Letourneur
À 49 ans, Florent Letourneur codirige depuis six années « Happy to meet you ». Administrateur de Femmes de Bretagne, il est très impliqué dans la vie des entreprises et soutient les entrepreneurs avec force. Portrait.
Florent Letourneur a grandi à Chantepie, aux côtés d’un frère plus jeune. Quand il foule les bancs de l’école, il y retrouve son père, directeur et sa mère, institutrice. Plutôt réservé, côté scolarité, il « se débrouille » et consacre ses loisirs au piano, au tennis de table et à la lecture de BD, de romans policiers. Il décroche un Bac scientifique, entre dans une école d’ingénieur à Nîmes mais « réussit tellement bien que je ne suis pas accepté en deuxième année ! ». Il entre alors à l’université de Rennes 1 où il suit un DEUG, puis une licence et enfin une maîtrise EEA (électronique électrotechnique et automatismes). Il finit par un DESS d’ingénieur microélectronicien à l’université de Toulouse et rejoint l’armée.
Son premier emploi l’envoie à Grenoble chez Alplog, filiale d’Altran, où il travaille pour ST microelectronics. Il ne s’acclimate pas à la ville et part à Aix-en-Provence, toujours pour Alplog, chez ATMEL, puis obtient un CDI chez ST microelectronics. « J’étais ingénieur, puis manager d’une petite équipe. Je me rends compte que le côté management de mon métier me plaisait beaucoup mais que l’électronique m’ennuyait profondément. » La DRH lui fait faire un bilan de compétences, ce dernier révèle « des possibilités d’évolution vers le marketing ou les ressources humaines… Mais je n’y connaissais rien ! » Pourtant, une année après, un poste se libère au sein de la DRH ST microelectronics France à Aix-en-Provence. Il devient responsable relation écoles. « J’avais 28-30 ans. J’ai quitté l’électronique pour aller vers les RH, grâce à ce bilan de compétences. Je peux remercier ma DRH ! »
C’est l’heure de l’explosion de la bulle internet, toutes les entreprises technologiques qui recrutaient à tour de bras stoppent brutalement. Le poste de Florent est supprimé. Il reste au sein de la DRH France pour s’occuper de SI RH (systèmes d’information RH)… Deux ans plus tard, il part en Tunisie pour y installer le SI RH et y recruter des ingénieurs. À son retour, il constate que ce qu’il aime, c’est être au plus proche du personnel. Il est alors envoyé comme responsable des ressources humaines à Rennes, site de 600 collaborateurs à l’époque. Un an plus tard, ST microelectronics est coté en bourse et le cours est au plus mal. « Le plan social s’est très mal passé. Nous avons été séquestrés, il y a eu des grèves de la faim. J’effectuais mes trajets entouré de voitures tout gyrophares hurlants. Une période bien compliquée, où je ne comprenais plus mon travail. On licenciait des personnes dans la détresse, des femmes de 58 ans dont on savait pertinemment qu’elles ne retrouveraient jamais de travail. Ce n’était pas mes valeurs. J’ai demandé à partir. ST microelectronics m’a proposé d’aller à Tours au sein d’une usine de 2 500 personnes. » Il y reste quatre ans. Mais la santé de membres de la famille se dégrade. Il décide de revenir dans la capitale bretonne et trouve un travail chez Lactalis, pour trois ans. Il rejoint ensuite Groupama. « J’étais responsable du développement RH, avec une quinzaine de collaborateurs. Je m’occupais de toute la partie marque employeur, recrutement, formation… tous les sujets les plus passionnants. J’ai adoré. »
« J’en ai marre d’être salarié, j’ai envie de créer une boîte avec toi ! » lui lance un jour François Gougeon, DRH à AES laboratoires, qu’il connaît par l’ANDRH, association nationale des directeurs des ressources humaines. « Moi aussi ! ». Tous les deux négocient leur départ et créent « Happy to meet you » (HTMY) en janvier 2016 « avec l’ambition de marier un cabinet de recrutement avec une agence marque employeur. Ce qui n’existait pas à l’époque. » Ils se donnent deux années pour réussir. L’idée fait rapidement mouche : « nous avions prévu de recruter notre premier salarié 18 mois après. En 8 jours c’était fait ! » Aujourd’hui, elle compte 52 salariés et est présente à Rennes, Nantes, Brest et Paris. « Avec une nouvelle activité, celle d’accompagnateur RH ».
« J’ai investi dans une vingtaine de sociétés. Je suis au Medef, au Poool, au réseau entreprendre… J’aime donner du temps aux entrepreneurs. » Administrateur de Femmes de Bretagne, il aime particulièrement le réseau : « chez Groupama, j’étais en charge de la diversité. Je suis très sensible à l’emploi des travailleurs handicapés, des seniors, des femmes… » HTMY est adhérente à « À compétences égales » qui lutte contre les discriminations, Florent Letourneur est administrateur de FACE (Fondation Agir Contre l’Exclusion) depuis dix ans. « Ces sujets me parlent : faire en sorte que les femmes puissent entreprendre comme les hommes. Souvent elles se mettent des barrières pour faire grandir leur entreprise, ont du mal à lever des fonds. Je veux les aider ». Et quand il ne soutient pas les entrepreneurs-ses, ce père d’un petit Thomas de 10 ans, fréquente les salles de vente. Attaché viscéralement à la Bretagne, il avoue aussi être amoureux de la Provence et de Marseille…
Isabelle Leize.