Responsable de la communication institutionnelle de la société Keolis Rennes exploitant les transports en commun pour le compte de Rennes Métropole, Armelle Billard ne visait pas une carrière politique. Mais le destin en a décidé autrement. A 54 ans, elle est aujourd’hui élue au conseil départemental d’Ille-et-Vilaine, et œuvre en tant que déléguée à l’égalité femmes-hommes. Rencontre.

dav

Racontez-nous comment vous êtes passée de la communication à l’engagement politique.

Originaire de la région rennaise, je suis diplômée de l’école de commerce de Grenoble. J’ai débuté ma carrière en tant que chargée de communication du réseau de transports en commun de Lille. J’y ai découvert le goût de la chose publique, en m’intéressant à la sociologie de la ville, à son urbanisme. Les transports sont au croisement de tous les enjeux. J’ai ensuite travaillé sept ans à Lyon comme responsable de la communication du réseau de transports en commun. Puis, je suis mon mari qui trouve un poste de commercial à Rennes. C’est alors que j’intègre, en 1999, le service communication de Keolis Rennes pour lancer l’ouverture du futur métro. En 2001, on me sollicite pour intégrer une liste municipale à Mordelles, la ville où j’ai passé mon enfance. On peut dire que je suis entrée en politique grâce à la loi sur la parité dans les conseils municipaux ! Certes, on est venu me chercher parce que j’étais une femme, mais si je n’y étais pas allée, j’aurais raté quelque chose. Car je ne me serais pas engagée de moi-même. J’avais, comme beaucoup, intégré inconsciemment cette différence entre hommes et femmes, dont on a fait une inégalité. D’ailleurs on parle des « Hommes politiques ». Moi, je suis une « femme politique » ! Les hommes, eux, ne se posent pas ce type de question. J’ai ensuite fait campagne avec Jean-Luc Chenut lors des élections départementales en 2015. Elus, il m’a proposé la délégation à l’égalité femmes-hommes.

Où en est-on selon vous de l’égalité -femmes hommes aujourd’hui ?

Il y a eu beaucoup de progrès dans les années 1970, avec la loi sur l’IVG notamment. Mais j’ai le sentiment que les femmes ont, alors, lâché prise, pensant que la loi faisait tout. Or, il nous faut reprendre notre bâton de pèlerin car l’égalité de droit ne fait pas automatiquement l’égalité réelle. De mon côté, je n’ai jamais été engagée dans des associations féministes. Avant d’entrer en politique, je pensais être consciente des inégalités. Mais, j’ai compris que l’on nous inculque dès la petite enfance une éducation basée sur un modèle de société patriarcale avec un dominant. On est encore dans le schéma où l’homme domine et la femme exécute. En politique, notamment dans les municipalités plus de femmes que d’hommes démissionnent car elles veulent être à la hauteur partout :  faire les courses, s’occuper des enfants, travailler, connaître parfaitement les dossiers. Arrêtez de vouloir être les premières de la classe et épanouissez-vous là où on a besoin de vous ! C’est le même type de représentation qui freine les femmes dans la création d’entreprise. Face à un banquier, elles sont souvent regardées moins sérieusement. C’est tellement ancré, qu’elles-mêmes vont moins oser demander d’argent car elles doutent. Heureusement, des associations et réseaux comme Femmes de Bretagne bataillent contre cela. Pour lever ces freins, il n’y a qu’un chemin c’est l’éducation. L’émancipation des femmes apporte de la croissance et de la richesse.

Comment voulez-vous faire avancer les choses ?

Se battre pour l’égalité femmes-hommes c’est un vrai sujet de société. J’ai la conviction qu’une égalité réelle engendrerait une société où il serait plus facile de vivre ensemble. Mon combat est avant tout culturel et transversal, et il concerne toute notre politique publique. Les actions commencent dans la petite enfance. Il faut par exemple travailler sur la parentalité, pour que les professionnel.les impliquent davantage les papas dans les échanges dès la naissance des enfants. Dans les collèges, réfléchir en amont des constructions avec les architectes pour penser les espaces de manière plus égalitaire (espaces de cour plus variés, surfaces des sanitaires plus adaptés). Fournir également des outils pédagogiques pour défendre la mixité des métiers et lutter contre les stéréotypes. Car c’est avec plein de petites choses du quotidien que l’on va cesser de dévaloriser tout ce qui est féminin.

Catégories : BLOG